Ouganda : retour au pays de l'opposant Bobi Wine et raidissement du pouvoir
De retour, ce jeudi 20 septembre 2018, dans son pays, l'opposant ougandais Bobi Wine, a été accueilli par la police dès sa sortie de l'avion. C'est dans un véhicule blindé que le député a été "escorté" jusqu'à son domicile où l'attendaient de nombreux partisans.
Le
20 Sep. 2018 à 17h18 (TU)
Mis à jour le
Hélène Doubidji
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De retour dans son pays, l'opposant ougandais Bobi Wine, a été accueilli par la police dès sa sortie de l'avion.
L’ex-chanteur et député ougandais d’opposition Robert Kyagulanyi, alias Bobi Wine, inculpé de « trahison » et qui dit avoir été torturé en prison, arrivait des Etats-Unis. Il y était parti le 31 août pour se faire soigner, après sa détention provisoire.
« Peu après l’atterrissage à Entebbe, la sécurité l’a entouré et l’a emmené », c’est ce qu’a déclaré son épouse Barbie Kyagulanyi à l’AFP. Interrogé par nos confrères, le chef de la police ougandaise, l'inspecteur général Martin Okoth Ochola, a clarifié les choses. « Le député n'était pas en état d'arrestation ». « Ce que nous avons fait, c'est l'escorter depuis l'aéroport d'Entebbe jusqu'à son domicile », a-t-il affirmé.
Une atmosphère rigide à l’aéroport d'Entebbe
Jeudi, la capitale ougandaise et l’aéroport d’Entebbe étaient placés sous haute sécurité dans l’attente du retour de Bobi Wine. La nouvelle voie rapide d’environ 40km qui les relie était complètement fermée à la circulation, tandis que des barrages de police avaient été érigés sur l’ancienne route de l’aéroport, les forces de l’ordre fouillant les véhicules.
Selon plusieurs sources, il y a une forte attente autour du retour du chanteur. Depuis les Etats Unis, où il était, Bobi Wine a publié une série de photos retraçant chaque étape de son voyage sur les réseaux sociaux : béret rouge sur la tête, il se tient debout avec une canne, dans l'avion, dans une salle d'embarquement à l'aéroport d'Amsterdam, puis de Nairobi. Ce qui a alimenté la ferveur et l'impatience de ses partisans à l’accueillir. Mais mal leur en a pris. Ces derniers n'ont pas pu accéder à l'aéroport ce matin. Car la police est formelle sur un point : aucun rassemblement n'est toléré. L’ex chanteur a été "escorté" jusqu'à son domicile.
Inculpé de « trahison »
Depuis son élection à l’Assemblée nationale, en 2017, Robert Kyagulanyi, 36 ans, s’est imposé comme un porte-parole de la jeunesse ougandaise et un virulent détracteur du président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986.
L’homme surnommé « le président du ghetto » par ses admirateurs, avait été arrêté, après avoir été inculpé de « trahison » à la suite du caillassage du convoi de M. Museveni en marge d’une élection législative partielle à Arua (dans le nord du pays) le 14 août – le candidat du parti au pouvoir avait été battu par celui qu’appuyait l’ex-pop star.
L’arrestation et l’inculpation de l’opposant, dont le chauffeur avait été tué par les forces de l’ordre durant les échauffourées du 14 août, avaient entraîné des manifestations de protestation violemment réprimées par la police et l’armée.
Lors de ses comparutions fin août, M. Kyagulanyi avait semblé affaibli, utilisant parfois des béquilles pour se déplacer. Après deux semaines de soins aux Etats-Unis, l’opposant Bobi Wine affirme se porter mieux.
L’un des principaux détracteurs du président Yoweri Museveni vient de promettre à ses sympathisans de poursuivre son combat politique. "Je suis de retour dans le pays que j'aime mais je n'arrête pas le combat. Je le reprends là où je l'ai laissé avant de partir en traitement aux Etats-Unis. Je suis prêt à en payer le prix, car je suis conscient que le régime agira avec brutalité contre tout appel au changement", a déclaré le député à l'AFP.