Piraterie maritime : autant d'attaques mais moins de réussite pour les pirates

La seconde conférence internationale annuelle a lieu à Dubaï les 27 et 28 juin. L'an passé, l'ONU y appelait d'urgence à un plan global anti-piraterie. Cette année, les mesures de protection semblent avoir payé : il y a toujours de nombreuses attaques, mais de moins en moins réussissent.
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Piraterie maritime : autant d'attaques mais moins de réussite pour les pirates
Piraterie maritime : les zones à risque du globe (cliquez pour agrandir)
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La piraterie constitue une menace sérieuse pour la liberté de navigation et le commerce mondial, alors que 80% du commerce des marchandises se fait par voie maritime.
Elle a connu une forte résurgence ces dernières années, en particulier dans le Golfe d'Aden et au large des côtes somaliennes. Entre 2005 et 2009, quelques 980 attaques ont été répertoriées.
Cela a conduit l'Union européenne à lancer en décembre 2008 sa première opération navale de lutte contre la piraterie dans l'océan Indien, nommée Atalante. Huit pays y participent, dont la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et l'Espagne.
Selon l'amiral français Jean-Baptiste Dupuis, qui commande actuellement Atalante, les actes de piraterie sont en net recul au large de la Somalie depuis début 2012 : "Le nombre de bateaux piratés a diminué grâce à la généralisation des mesures de protection passive adoptées par les navires de commerce et à l'action des forces navales qui opèrent dans l'Océan Indien".
De fait, si le nombre d'attaques n'a pas diminué, c'est bien le taux de réussite des pirates qui est en baisse. Sur le dernier semestre 2011, une attaque seulement sur 14 réussissait, contre 1 sur 4 en 2010. Et depuis début 2012, dans la zone somalienne, il y a eu seulement 5 navires piratés, contre 46 en 2009.
Piraterie maritime : autant d'attaques mais moins de réussite pour les pirates
Un soldat de l'opération Atalante
En revanche, le taux des rançons a été multiplié par dix. De 600 000 dollars par bateau il y a 5 ans, les pirates ont monté la barre à 5 millions de dollars en moyenne, et cela peut grimper jusqu'à 10 millions.
La piraterie est donc loin d'être éradiquée. Mais la situation évolue de façon favorable en Somalie. Les forces navales européennes et celle de l'Otan, ainsi que le succès de la force d'intervention terrestre de l'Union africaine en Somalie, réussissent à la contenir et surtout à reprendre l'avantage sur les pirates qui semblaient toujours avoir une longueur d'avance jusque là.
Problème : la lutte contre la piraterie coûte cher, et dans le contexte de crise économique en Europe, on peut être raisonnablement inquiet pour l'avenir. Le coût annuel d'Atalante est voisin des 300 millions d'euros, expliquait en 2011 le capitaine de corvette Alexandre Marchi dans Le Monde. La Grèce s'est d'ailleurs retirée de l'opération en mars. Cependant, le mandat d'Atalante a été prolongé le 23 mars dernier jusqu'en décembre 2014.

Repères

168 attaques de navires par des pirates ont eu lieu depuis début 2012. Mais seulement 19 bateaux ont été effectivement détournés.
Les pirates somaliens détiennent actuellement 13 navires et 185 otages.
5 millions de dollars, c'est le montant moyen de la rançon exigée par les pirates pour un bateau.
30 à 40 navires de différentes forces navales - force européenne Atalante, force de l'Otan, coalition maritime menée par les Etats-Unis - coopèrent actuellement dans l'Océan Indien pour lutter contre la piraterie.
30% des navires de commerce qui croisent au large de la Somalie ont à leur bord des équipes de protection privées, armées ou non. 70% appliquent des mesures de protection passives, la première étant de s'enregistrer auprès d'une entité internationale basée à Bahrein, qui suit les déplacements des bateaux.
Sources : Atalante, ICC Commercial Crime Services