L'homme d'affaires français, Vincent Bolloré, a donc été déféré devant la justice française mercredi 25 avril et inculpé pour"corruption d'agent étranger", complicité d'"abus de confiance", "faux et usage de faux".
Les juges du pôle financier du tribunal de grande instance de Paris le soupçonnent d'avoir obtenu les concessions des ports de Conakry et de Lomé en contrepartie de services rendus aux dirigeants locaux via sa filiale Havas.
Le directeur général du groupe Bolloré, Gilles Alix, a lui aussi été mis en examen mercredi pour les mêmes chefs. Le responsable du pôle international de sa filiale Havas, Jean-Philippe Dorent, a été inculpé d'"abus de confiance" et de "faux et usage de faux", selon son avocat Hervé Témime.
L'homme d'affaires, ressorti libre du bureau des juges - il n'a pas été placé sous contrôle judiciaire - reste présumé innocent.
Vincent Bolloré pourra avoir enfin accès à ce dossier dont il n'a jamais eu connaissance et répondre à ces accusations infondées.
Communiqué du porte-parole du groupe Bolloré, 25 avril 2018
Cette mise en examen est néanmoins retentissante pour le milliardaire français à la tête d'un empire présent dans 46 pays du continent africain et qui gère 16 concessions portuaires en Afrique de l'Ouest.
Habitué à cotoyer les présidents, Bolloré est une figure considérée comme quasi intouchable. En 2010, une filiale de son groupe conseille le président togolais Faure Gnassibngbé en campagne. Il sort réélu en 2010. Des activités sous-facturées, selon la justice française, qui soupçonne une forme de corruption.
Nous encourageons la justice française et nous la félicitons car c'est une justice qui est en train de nous montrer qu'elle n'est pas ce que nous pensons le plus souvent, et cela prouve désormais qu'il n'y a personne au dessus de la loi et que nous sommes tous égaux devant la justice.
Emmanuel Sogadji, Ligue des consommateurs togolais
Le groupe Bolloré dément formellement toute irrégularité. Pourtant, les soupçons de corruption s'appuient notamment sur une perquisition au siège de Bolloré en 2016
Ils portent aussi sur le port de Conakry.
En 2010 toujours, cette fois-ci, c'est le président guinéen Alpha Condé qui attribue la concession du port par décret présidentiel après avoir été conseillé par la filiale du groupe Bolloré dans sa campagne présidentielle victorieuse.
C'est une situation généralisée en Guinée. On voit ce qui se fait dans le secteur minier. (..) Nous avons, encore une fois, comme un système mafieux qu'incarne le président de la République qui est en train de piller notre économie.
Abdoulrahmane Sanoh,
président de la Plateforme Nationale des Citoyens Unis pour le Développement (PCUD)
Pour sa part, le gouvernement guinéen a réagi. Son porte-parole affirme que la concession portuaire de Conakry a été accordée dans le strict respect des lois. Mais la justice française n'est pas prête à arrêter ses investigations.