Fil d'Ariane
Ce mardi 14 mai étaient réunis à Paris plusieurs dizaines de chefs d'États pour le “Clean Cooking in Africa”, un sommet pour promouvoir la "cuisine propre". Aujourd'hui, les systèmes de cuisson traditionnels, encore très présents en Afrique subsaharienne, sont responsables : d'inégalités entre les femmes et les hommes, de graves problèmes sanitaires. Ils contribuent grandement au changement climatique.
Un homme fait cuire du fromage "Taezi", à Taëz, Yemen, le 15 mars 2023
“Sur Terre, 2,3 milliards de personnes cuisent avec du bois, du charbon, du kérosène et, malheureusement, les effets sont nocifs sur la santé. Il y a jusqu'à 3,7 millions de morts par an”, déclarait, ce mardi 14 mai, sur France Inter, Jean-Louis Racine, chef des programmes à la “Clean Cooking Alliance”, une organisation à but non lucratif qui fait partie de la Fondation des Nations Unies.
Ce même jour s’est déroulé à Paris un sommet sur la "cuisson propre", le “Clean Cooking in Africa”, organisé par L’Agence internationale de l’énergie et la Banque africaine de développement. Les représentants d’une cinquantaine d'États étaient présents dont : le président de la prochaine COP sur le climat, le directeur général de l’OMS et plusieurs ONG.
Dans le monde, 2,3 milliards de personnes utilisent des systèmes de cuisson traditionnels, des poêles ou foyers ouverts, composés de pierres et alimentés par des combustibles divers, le plus souvent du bois ou du charbon.
Bien que cela concerne également certains pays asiatiques, le sommet s’est concentré sur l’Afrique subsaharienne, où le problème est encore très présent. Le but est d’encourager les pays concernés à favoriser des modes de cuisson durables, et donc de réduire le recours à des systèmes traditionnels polluants et dangereux pour la santé.
Dans cette région, les systèmes de cuisson traditionnels sont en vigueur dans de nombreux foyers. Ce type de four, que l’on trouve généralement à l’intérieur des habitations, est bien souvent alimenté par des combustibles tels que : le charbon, le bois ou encore le fumier. Il est donc à l’origine de problèmes sanitaires et environnementaux.
Ces modes de cuisson représentent la deuxième cause de mortalité prématurée en Afrique subsaharienne, derrière le paludisme. Ils ne touchent pas à niveau égal les hommes et les femmes. Ces dernières sont les plus exposées puisqu’elles consacrent une grande partie de leur temps, en moyenne 15 heures par semaine, au ramassage du bois, à sa combustion et à la préparation des repas.
L’inhalation des particules émises pendant la cuisson a des conséquences directes sur la santé des femmes africaines : problèmes respiratoires, vasculaires et cancers. Chaque année, on compterait près de 4 millions de décès liés à l’usage des fours traditionnels, dont 500 000 femmes et enfants sur le seul continent africain, selon le journal Le Monde.
S’ajoute à cela la question des conséquences écologiques des systèmes de cuisson traditionnels. L’usage du bois comme combustible entraîne la déforestation.
De plus, l’utilisation de ses systèmes de cuisson contribue fortement au changement climatique. Selon la société Climate Care, la combustion du bois et du charbon pour la cuisine émettrait près de 2 % des émissions mondiales de carbone. Cela représente autant que le trafic aérien.
L’objectif de ce sommet, qui s’est tenu à Paris, était donc d’encourager l’usage et la généralisation des modes de cuisson dits "propres", plus vertueux pour l’environnement et moins nocifs pour la santé.
Selon le dernier rapport annuel la Clean Cooking Alliance, qui fait partie de la Fondation des Nations Unies, plus de 1,5 milliard de personnes à travers le monde ont eu accès à la cuisine propre depuis 2010.
Aujourd'hui, 4 milliards de dollars sont encore nécessaires pour permettre à l’Afrique de passer à la "cuisine propre" d’ici 2030, selon l’Agence internationale de l’énergie.