Fil d'Ariane
"Certains politiciens s’emploient à instrumentaliser les populations, à nouer des liens criminels avec des réseaux mafieux en vue de provoquer des troubles dans notre pays." Les mots prononcés la semaine dernière par le porte-parole du gouvernement à l'issue du Conseil des ministres ont pris une tournure très concrète pour le parti d'opposition Les Démocrates.
Dernière personnalité visée, l’opposante Rekiath Madougou. Un temps candidate à la présidentielle du 11 avril prochain avant que son dossier ne soit rejeté par la Cour constitutionnelle, elle est aujourd'hui poursuivie pour association de malfaiteurs et terrorisme. Interpellée mercredi soir, elle a passé la nuit à la brigade économique et financière avant d'être transférée ce jeudi matin à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), une cour spéciale considérée par l'opposition comme un instrument judiciaire destiné à la museler. La Cour la soupçonne de vouloir faire assassiner deux personnalités politiques béninoises. Accusation balayée par son camp. "Nous ne reculerons pas, quelles que soient les intimidations, les obstacles et les brimades", a réagi l'un des proches de Rekiath Madougou qui était à ses côtés lorsqu'elle a été interpellée.
Proche de l’ancien président Boni Yayi, Rekiath Madougou est la cheffe de file du parti Les Démocrates, fondé par celui qui a dirigé le Bénin de 2006 à 2016. A 46 ans, cette consultante internationale a passé le plus clair de son temps au Togo voisin où elle est conseillère spéciale du président Faure Gnassingbé.
Quelques minutes avant son arrestation, la cheffe de file du parti Les Démocrates avait pris part à une réunion politique au cours de laquelle elle avait dénoncé les pratiques du régime du président Patrice Talon.
Mardi, déjà, deux militants du même parti que Rekiath Madougou ont été incarcérés, tous deux également inculpés pour "association de malfaiteurs et terrorisme", des "otages politiques", a alors commenté la cheffe du parti.
Bio Dramane Tidjani et Mamadou Tidjani étaient en garde à vue depuis le 22 février. Eux aussi ont été présentés au procureur spécial auprès de la Criet.
Mi-février, deux responsables du même parti, les anciens députés Noureini Atchadé et Justin Adjovi, avaient aussi été convoqués auprès de cette cour spéciale mais libérés après avoir été entendus.