Présidentielle au Burkina Faso : Roch Marc Christian Kaboré l'emporte dès le premier tour

Il a réussi son "coup K.O.". Roch Marc Christian Kaboré remporte l'élection présidentielle dès le premier tour au Burkina Faso avec 57,87% des voix, d'après les résultats provisoires publiés ce 26 novembre par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Il est réélu pour un second mandat de cinq ans. Portrait.
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RMC Kabore au bureau de vote dimanche 22 novembre 2020
Roch Marc Christian Kaboré en train de voter, à Ouagdougou le 22 novembre 2020.
© REUTERS/Zohra Bensemra
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"M. Kaboré, Roch Christian Marc, avec 57,87% des suffrages est déclaré élu provisoirement dès le premier tour comme président du Faso", a affirmé le président de la Commission électorale indépendante, Newton Ahmed Barry. Eddie Komboïgo, candidat du parti de l'ex-président Blaise Compaoré, arrive deuxième avec 15,48% des voix devant Zéphirin Diabré (12,46%), considéré comme le chef de l'opposition jusque là.

Selon les chiffres donnés par la Céni, le Corps électoral a été ramené de 6.490.662 à 5.893.4000 en raison de la non-ouverture de quelque 1.300 bureaux de vote à cause de l'insécurité liée aux groupes jihadistes. Quelque 800 autres bureaux, qui auraient dû ouvrir, sont fermés.

Les éventuels recours doivent être déposés au Conseil constitutionnel ou le Conseil d'Etat dans les sept jours à compter de l'annonce des résultats. Le Conseil constitutionnel ou le Conseil d'Etat doivent proclamer les résultats définitifs dans les quinze jours qui suivent l'expiration du délai imparti pour les recours.


Roch Kaboré, aux plus hautes fonctions de l'État


Ça a été une lutte contre la monarchisation du pouvoir”. Fin septembre 2015, quand Roch Marc Christian Kaboré, candidat à la présidentielle, est invité au Journal Afrique de TV5MONDE, il résume ainsi le combat mené au cours des précédents mois contre un homme dont il a pourtant longtemps été proche, Blaise Compaoré. Car si, à l’époque, il incarne une nouvelle ère pour le Faso, Kaboré n’est pas un nouveau venu et il a déjà occupé les plus hauts postes au sein du régime déchu, mais “nous avons pris notre indépendance” répond-il à Linda Giguère sur notre plateau lorsqu’elle l’interroge sur des soupçons de proximité avec l’ancien président.

Révolution sankariste

L’histoire de Roch Marc Christian Kaboré commence en 1957. Naissance à Ouagadougou, dans une Haute-Volta encore française. Catholique, il est fils d’un haut-fonctionnaire, Charles Bila Kaboré, qui sera également ministre dans les années 60 puis occupera de très hautes fonctions au sein de la BCEAO, la Banque centrale ouest-africaine. Le baccalauréat en poche, en 1975, le futur président part pour la France. A l’Université de Dijon, dans l’est, il étudie l’économie et milite, comme nombre de ses congénères, au sein de la FEANF, la fédération des étudiants africains noirs de France, puissante organisation anti-coloniale et panafricaniste. Un premier pas dans la politique qui le pousse, tout naturellement, à prendre part à la révolution sankariste lorsqu’il rentre à Ouagadougou au début des années 80.

Thomas Sankara arrivé au pouvoir, en 1983, le jeune Roch Kaboré est nommé à la tête d’une importante institution financière du pays. C’est à ce poste qu’il assiste à la mort de Sankara et l’accession au pouvoir d’un capitaine de 36 ans bien décidé, promet-il, à relancer la révolution. Blaise Compaoré restera 27 ans à la tête du Burkina Faso et c’est, ironie de l’histoire, une révolution qui l’en chassera fin 2014.

Caractère consensuel

Entre temps, Roch Marc Christian Kaboré aura occupé les plus hautes fonctions de l’Etat. Premier ministre en 1994 et 1996, il sera président de l’Assemblée nationale de 2002 à 2012. A la primature comme l’Assemblée, son caractère consensuel est apprécié. Mais en 2012, le régime Compaoré entre dans une importante zone de turbulences. Manifestations dans la rue, confiscation du pouvoir du côté de la présidence. Blaise Compaoré a décidé de s’attaquer (une nouvelle fois) au fameux article 37 de la Constitution burkinabé. La modification envisagée prévoit de faire sauter le verrou des deux mandats maximum et doit permettre à Compaoré de se maintenir au pouvoir. Au sein même du parti présidentiel, l’initiative fait des vagues et Roch Kaboré claque la porte des instances dirigeantes du CDP, le Congrès pour la démocratie et le progrès.

Début 2014 il quittera totalement le parti pour fonder sa propre formation, le MPP, Mouvement du peuple pour le progrès, sous les couleurs duquel il se présente à la présidence fin 2015 après un passage au ministère de la Défense sous la transition. Lorsqu’en septembre 2015, sur le plateau de TV5MONDE, il est questionné sur le scénario d’un éventuel second tour, Roch Kaboré ne semble pas y envisager sa propre présence. Deux mois plus tard, il sera élu dès le premier tour avec 53,49% des voix.

Voir aussi : Présidentielle au Burkina Faso : Le "coup K.O." de Roch Marc Christian Kaboré réélu dès le premier tour

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