Présidentielle au Liberia : George Weah et Joseph Boakai au 2nd tour

Le sénateur George Weah, légende du football africain, et le vice-président Joseph Boakai s'affronteront au second tour de la présidentielle au Liberia, aucun candidat n'ayant obtenu la majorité absolue au premier, a annoncé dimanche la Commission élecorale.
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George Weah, candidat à la présidentielle au Liberia
George Weah, candidat à la présidentielle au Liberia, à Monrovia, le mardi 10 2017.
©AP Photo/Abbas Dulleh
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Cinq jours après le scrutin pour désigner le successeur d'Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue chef d'Etat en Afrique, selon les résultats portant sur plus de 95% des bureaux de vote, George Weah arrive en tête, avec quelque 572.000 voix, soit 39% des suffrages, nettement devant Joseph Boakai, à 427.000, soit 29,1%.

"Il n'y a plus de doute à présent" sur la nécessité d'un second tour, a déclaré le porte-parole de la Commission électorale nationale (NEC), Henry Flomo, lors de l'annonce de ces résultats partiels. Quelque 1,55 million de suffrages ont déjà été dépouillés, pour un taux de participation moyen de 74,5%, a précisé le président de la NEC, Jerome Korkoya, lors d'une conférence de presse. 

Les 18 autres candidats sont largement distancés. L'avocat et vétéran de la politique Charles Brumskine arrive en troisième position, avec 9,8% des suffrages, devant Alexander Cummings, ancien dirigeant de Coca-Cola pour l'Afrique, à 7,1%, suivi par le sénateur Prince Johnson, chef de milice pendant la guerre civile (1989-2003, quelque 250.000 morts), à 7%.

"Mister George" en tête du scrutin

Le vice-président du Liberia Joseph Boakai
Le vice-président du Liberia Joseph Boakai, à Washington, depuis août 2014
©AP Photo/Susan Walsh
Sur les 15 provinces du pays, George Weah faisait la course en tête dans 12, y compris celle de la capitale, Monrovia, dont il est sénateur depuis 2014 et qui concentre près de 40% des quelque 2,1 millions d'électeurs. Le vice-président paraît devoir s'imposer dans deux provinces, dont sa région natale de Lofa (nord), la quatrième en nombre d'électeurs, et M. Brumskine à Grand Bassa (centre).

A 51 ans, l'ancien attaquant vedette du PSG et du Milan AC reste le Libérien le plus connu à l'étranger, 15 ans après avoir raccroché les crampons. Seul Africain à remporter le Ballon d'or (1995), Weah était largement absent du pays pendant la guerre civile. Battu à la présidentielle de 2005 par Ellen Johnson Sirleaf, "Mister George" assure avoir "gagné en expérience" après avoir fondé son propre parti en 2004 et été élu sénateur en 2014 face à un fils de Mme Sirleaf.

Il a choisi comme colistière Jewel Howard-Taylor, l'ex-épouse de l'ancien chef de guerre et président Charles Taylor (1997-2003), une sénatrice respectée et l'une des rares femmes d'influence du pays. Ses critiques jugent son programme trop vague et pointent son absentéisme au Sénat, mais il reste une idole pour la jeunesse et une incarnation positive du Liberia.

Le Libéria "prêt pour la transition", selon sa présidente

Selon la Constitution, le second tour est organisé le deuxième mardi qui suit l'annonce du résultat final. Outre leur futur chef de l'Etat, les plus de deux millions d'électeurs ont voté pour renouveler les 73 sièges de la Chambre des représentants. Les législatives ne comportent qu'un seul tour. 

 
La présidente libérienne Ellen Johnson-Sirleaf
La présidente du Liberia Ellen Johnson-Sirleaf lors de son second mandat à Monrovia en janvier 2012
©AP Photo/Larry Downing
Elu en 2005 puis réélu en 2011 sur le "ticket" de Mme Sirleaf, Joseph Boakai, 72 ans, se présente comme son héritier naturel. Issu, comme George Weah, de la population "autochtone", et non de l'élite "américano-libérienne" descendante d'esclaves affranchis qui domine le pays depuis sa création, il se décrit comme un homme ordinaire ayant réussi à s'extraire d'une condition modeste. Aux électeurs qui pourraient vouloir lui faire payer les difficultés économiques, il promet une meilleure gestion des ressources pour lutter contre la pauvreté.

Mardi, la présidente sortante, Ellen Johnson Sirleaf, qui ne pouvait plus se représenter après deux mandats de six ans, a estimé que le Liberia était "prêt pour la transition", la première d'un dirigeant élu à un autre dans ce pays "depuis trois générations". Mme Sirleaf, prix Nobel de la paix 2011, avait déjà appelé la veille les Libériens à mesurer "le chemin parcouru" depuis la guerre civile qui a fait quelque 250.000 morts entre 1989 et 2003. ​

Le pays a ensuite connu une stagnation économique entre 2014 et 2016, frappé par l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest et la chute des cours des matières premières. Pour redresser économiquement le pays, chacun des candidats a insisté sur une recette simple: le développement des routes pour M. Boakai, de l'agriculture pour le magnat des télécommunications Benoni Urey, de l'éducation et de la formation professionnelle pour MM. Weah et Cummings.​