Présidentielle au Niger : "Mohamed Bazoum et Mahamane Ousmane ont les mêmes chances"

Le candidat du parti au pouvoir Mohamed Bazoum est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle du 27 décembre avec 39,33% des suffrages et affrontera au second tour l'ancien président Mahamane Ousmane crédité de 16,99%, selon les résultats de la Commission électorale indépendante (Céni). Journaliste et écrivain nigérien, Seidik Abba analyse ces résultats provisoires.
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3 questions à Seidik Abba
A gauche : Mahamane Ousmane en 1995, alors président de la République.
A droite : Mohamed Bazoum, alors vice-premier ministre du Niger, s'adresse à la 68e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, en 2013 à New York, Etats-Unis. 
 
AP Photo / Eduardo Munoz
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Une transition démocratique historique

C'est la première fois dans l'histoire du Niger qu'un président élu succédera à autre président élu. Le taux de participation du scrutin est de 69,67%, avec 5,2 millions de votants sur 7,4 millions d'électeurs inscrits (pour une population de 23 millions d'habitants), selon des résultats provisoires qui doivent encore être validés par la Cour constitutionnelle.

Les anciens premiers ministres Seini Oumarou, 3e, et Albadé Abouba, 4e, obtiennent respectivement 8,95% et 7,07% des suffrages, devant l'ancien ministre des Affaires étrangères Ibrahim Yacouba, 5e avec 5,38% des voix. L'autre ancien président en lice, Salou Djibo, est arrivé 6e avec 2,99% de suffrages.

(Re)voir : Présidentielle au Niger, les résultats du premier tour

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TV5MONDE : Etes-vous surpris par ces résultats ?

Seidik Abba​ : Non pas vraiment. On peut même dire que la sociologie politique du pays a été respectée. Il y a toujours eu un second tour au Niger, comme dernièrement en 2016 quand Mahamadou Issoufou a dû passer par un second tour pour être réélu. Au premier tour, il avait recueilli près de 48,5% des voix, très loin devant Hama Amadou, deuxième avec moins de 18%. C’est une tradition, il n’y a jamais eu de "coup KO". Ceux qui connaissent le pays savent que c'est très peu probable. 

Comment analysez-vous le rapport de forces ?  Mahamane Ousmane fait-il le poids face au favori Mohamed Bazoum​ ?

Seidik Abba​ : Le scrutin est ouvert. Ce qui fera la différence, c'est la capacité des candidats à fédérer une importante coalition, afin de débloquer les réserves de voix.  M. Bazoum et M. Ousmane ont les mêmes chances. Pour un scrutin à fort enjeu tel que celui-ci, tout repose sur les offres politiques et les affinités. Tout est possible et les paris restent ouverts, rien n’est joué !

A lire : Présidentielle au Niger, un second tour entre Mohamed Bazoum et Mahamane Ousmane

Comment se porte la démocratie au Niger ? Que va t-il falloir observer jusqu'au second tour du 21 février ? 

Si je peux me permettre, le contexte électoral n'est pas le même que dans un pays comme la Suisse. Notre situation sécuritaire est particulierement sensible. Le Niger fait face à une triple menace frontalière avec la Libye au nord, le Mali à l'ouest et le Nigeria au sud, tous deux ravagés par les groupes terroristes. 
Néanmoins, la décision du chef de l'Etat sortant Mahamadou Issoufou de ne pas briguer un troisième mandat a renforcé notre démocratie.

Globalement, nos institutions fonctionnent, même si le système reste perfectible. Par exemple, nous gagnerions à renforcer l'indépendance de la justice et la liberté de la presse. Avec la lutte contre la pauvreté, la consolidation des institutions sera l'un des chantiers prioritaires du nouveau président de la République. 

(Re)voir : Niger, quel que soit le vainqueur, les attentes sont grandes

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