Présidentielle au Sénégal : le Conseil constitutionnel rejette la candidature d'Ousmane Sonko

Le Conseil constitutionnel du Sénégal rejette la candidature à la présidentielle du 25 février de l'opposant emprisonné Ousmane Sonko au motif que son dossier était incomplet. C'est l'épilogue d'un bras de fer avec l'État qui a tenu en haleine tout le pays.

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L'avenir politique d'Ousmane s'assombrit

Le leader de l'opposition s'adresse à des journalistes lors d'une conférence de presse à Dakar le 8 mars 2021.

AP Photo/Sylvain Cherkaoui,
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Les affaires judiciaires de cette figure de l'opposition au discours souverainiste, panafricaniste et social, très populaire auprès de la jeunesse, ont crispé la vie politique sénégalaise depuis 2021 et donné lieu à plusieurs épisodes de troubles meurtriers.

"Lorsque nous sommes entrés, le président (du Conseil) Badio Camara nous a immédiatement notifié que le dossier (d'Ousmane Sonko) était incomplet", explique son avocat Me Ciré Clédor Ly, sans préciser quelle était la pièce manquante. L'administration avait refusé de remettre à l'opposant tous les documents nécessaires à sa candidature.

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Elle a utilisé l'argument de sa radiation des listes électorales après une condamnation en juin dans une affaire de moeurs. Mais son équipe avait malgré tout déposé son dossier de candidature devant le Conseil constitutionnel. Le 4 janvier au soir, la Cour suprême a confirmé la condamnation de l'opposant à six mois de prison avec sursis pour diffamation, une peine largement perçue comme le rendant inéligible pour la présidentielle.

Le président du Conseil constitutionnel lui a notifié que "les dossiers, les courriers qui les accompagnaient et les pièces annexées ont été reçus, vérifiés par la commission qui a conclu qu'il manquait une pièce et que le dossier de candidature était incomplet", ajoute l'avocat d'Ousmane Sonko.

Une "farce électorale" dénoncée

"La commission a été dans une composition irrégulière parce que la loi prévoit que cette vérification devait se faire en présence du candidat ou du mandataire", estime Me Ciré Clédor Ly. Il dénonce une "farce électorale" et indique qu'il va déposer "les recours prévus par la loi".

Il y a une volonté d'aller vers des élections qui dès le départ manquent de transparence et qui en tout état de cause ne reflèteront pas la volonté de la nation.

Me Ciré Clédor Ly, avocat d'Ousmane Sonko

"Il y a une volonté d'aller vers des élections qui dès le départ manquent de transparence et qui en tout état de cause ne reflèteront pas la volonté de la nation", ajoute-t-il. Selon la télévision du parti d'Ousmane Sonko, le dossier est incomplet pour défaut d'attestation de la Caisse de dépôts et des consignations (CDC) où doit être déposée la caution de 30 millions de Fcfa (45 000 euros) exigée pour la présidentielle.

D'autres procédures en cours

Dans une autre procédure, Ousmane Sonko a été déclaré coupable le 1er juin de débauche de mineure et condamné à deux ans de prison ferme. L'opposant ne s'était pas présenté au procès et a été condamné par contumace.  Il est emprisonné depuis fin juillet sous d'autres chefs d'inculpation, dont appel à l'insurrection, et dénonce toutes ces affaires comme des complots visant à l'écarter de la présidentielle.

Le camp de Sonko avait retrouvé l'espoir en une candidature de leur chef de file après qu'un juge avait ordonné mi-décembre sa réinscription sur les listes électorales. Les affaires judiciaires de cette figure de l'opposition, très populaire auprès de la jeunesse, crispe la vie politique sénégalaise depuis 2021 et a donné lieu à plusieurs épisodes de troubles meurtriers.

Un plan de secours ? 

Il a été investi le 31 décembre par sa coalition pour la présidentielle dans un lieu privé, à huis clos, après l'interdiction par les autorités du meeting public prévu la veille. Le 3 janvier, la commission de contrôle des parrainages du Conseil constitutionnel a validé le dossier d'Habib Sy, un candidat membre de la même coalition qu'Ousmane Sonko, qui a promis de se désister si le leader de sa formation pouvait se présenter.

Un autre plan B de sa formation est son collaborateur Bassirou Diomaye Faye, qui doit régulariser sa situation concernant ses parrainages pour participer au scrutin.