Fil d'Ariane
Dix candidatures à l’élection présidentielle tchadienne ont été rejetées par le Conseil constitutionnel. Parmi elles, celles de Nassour Ibrahim Neguy Koursami et Rakhis Ahmat Saleh. Leur dossier a été jugé "non conforme" et "irrecevable", en raison d'irrégularités dans les pièces administratives requises. Le premier tour doit avoir lieu le 6 mai.
Photo d'archives. Des gens entrent dans un bureau de vote lors des élections à N'Djamena, au Tchad, le dimanche 10 avril 2016.
Dix candidatures, dont celles de deux farouches opposants à la junte au pouvoir au Tchad, Nassour Ibrahim Neguy Koursami et Rakhis Ahmat Saleh, ont été rejetées par le Conseil constitutionnel. C’est ce qu’a annoncé l'instance, dimanche 24 mars, au cours d'une audience solennelle. Leur dossier a été jugé "non conforme" et "irrecevable", en raison notamment d'irrégularités dans les pièces administratives requises, a encore justifié le Conseil constitutionnel, en charge de la validation des candidatures pour la présidentielle.
"Le pouvoir ne veut pas faire face à une opposition crédible dans les urnes", s'est insurgé auprès de l'AFP Nassour Ibrahim Koursami, qui avait été investi par le GCAP, une des principales plateformes de l'opposition au Tchad. Il "n'a fait que valider la liste de candidats qui va accompagner le chef de la junte lors de l'élection présidentielle", a ajouté l'opposant, contre lequel le Conseil constitutionnel a annoncé "l'ouverture d'une enquête préliminaire en vue de poursuite pénale" pour "faux et usage de faux", en raison de suspicions sur des pièces justificatives fournies dans son dossier de candidature.
"Tout l'argumentaire utilisé ne tient pas la route", a déclaré de son côté Rakhis Ahmat Saleh, qui était le candidat du Parti pour le renouveau démocratique au Tchad (PRDT), en dénonçant "une véritable forfaiture" et des "manoeuvres" du Conseil constitutionnel pour écarter des candidats "sans raison valable".
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"Il n'y aura pas d'élection, il s'agit en réalité de choisir des candidats qui accompagnent le chef de la junte pour la confirmation du maintien au pouvoir de la dynastie à travers Kaka (surnom donné à Mahamat Déby, NDLR)", a commenté pour l'AFP Ahmat Mahamat Hassan, un constitutionnaliste Tchadien.
Une autre des grandes plateformes de l'opposition au Tchad, Wakit Tamma, avait appelé samedi à boycotter l'élection présidentielle, en fustigeant une "mascarade" destinée à perpétuer une "dictature dynastique". Dans un communiqué, la plateforme avait notamment dénoncé l'organisation de l'élection par les autorités de transition sous la houlette du général Mahamat Idriss Déby Itno. Ce dernier a été proclamé président de la transition par une junte militaire en avril 2021, après la mort de son père Idriss Déby Itno, qui dirigeait le pays d'une main de fer depuis 30 ans.
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Wakit Tamma avait notamment qualifié l'Agence nationale de la gestion des élections (ANGE) et le Conseil constitutionnel d'"organes de fraude", "entièrement inégalitaires et inféodés à la junte". "Le Conseil a fait la stricte application des dispositions de la Constitution et du code électoral, on ne peut pas contester notre partialité" a rétorqué à l'AFP un membre du greffe du Conseil constitutionnel, sous le couvert de l'anonymat.
Dix candidats sont encore en course, dont le président de transition, le général Mahamat Idriss Déby Itno, et son Premier ministre Succès Masra. Cet ancien opposant dont la participation est dénoncée par l'opposition comme une "candidature prétexte" destinée à donner un semblant de pluralité à un scrutin qu'elle considère gagné d'avance par Mahamat Déby.
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Le rejet de la candidature des principaux opposants à la junte intervient moins d'un mois après la mort du principal rival politique du général Déby, son propre cousin Yaya Dillo Djérou. Il a été tué le 28 février par des militaires dans l'assaut du siège de son Parti Socialiste sans Frontières (PSF).
Yaya Dillo est mort après avoir reçu une balle dans la tête tirée à bout portant, selon le PSF, un "assassinat" destiné à l'écarter de la course à la présidentielle selon l'opposition, ce que nie le gouvernement.