Présidentielle au Zimbabwe : l'opposition conteste les résultats et revendique la victoire

Le chef de d'opposition au Zimbabwe, Nelson Chamisa, conteste les résultats de la présidentielle. Samedi 26 août, le président sortant Emmerson Mnangagwa a été déclaré vainqueur du scrutin par la commission électorale. Le vote a été marqué par de nombreux dysfonctionnements. Et la régularité des résultats a été mise en cause par des observateurs internationaux.

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zimbabwe élections

Un jeune garçon se penche près des affiches de campagne avec des images de candidats de l'opposition à Harare, Zimbabwe, le dimanche 16 2023 juillet. 
 

AP/Tsvangirayi Mukwazhi
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"Nous avons gagné cette élection. Nous sommes les leaders” . Nelson Chamisa est formel : il est persuadé d'avoir remporté la présidentielle. Dimanche 27 août, lors d’une conférence de presse à Harare, capitale du Zimbabwe, cet avocat et pasteur de 45 ans  annonce qu’il conteste la réélection du président sortant Emmerson Mnangagwa.  

Les Zimbabwéens se sont rendus aux urnes mercredi et jeudi pour choisir leur président et leurs députés. La bataille opposait principalement la Zanu-PF au pouvoir depuis l'indépendance en 1980, et la Coalition des citoyens pour le changement (CCC) de M. Chamisa, plus grand parti d'opposition.

Nous sommes même surpris que Mnangagwa ait été déclaré vainqueur (...) Nous avons les vrais résultats", a aussi déclaré ce dimanche le chef de d'opposition au Zimbabwe.

zimbabwe nelson chamisa

Le principal chef de l'opposition du Zimbabwe, Nelson Chamisa, vote dans un bureau de vote à Harare, au Zimbabwe, le mercredi 23 août 2023.
 

 AP/Tsvangirayi Mukwazhi

L’opposition dénonce des résultats “faussés” 

Samedi 26 août, selon les résultats officiels de la commission électorale, le président sortant Emmerson Mnangagwa a été reconduit pour un second mandat avec 52,6% des suffrages exprimés, contre 44% en faveur de Nelson Chamisa.  Sitôt publiés, l'opposition a immédiatement affirmé ne pas avoir entériné ces résultats, qu’elle qualifie de "faussés".

 Les défaillances lors du vote, comme le manque de bulletins dans les bureaux, se sont multipliées en particulier à Harare, un bastion de l'opposition. Le scrutin, dont la clôture était prévue mercredi soir, a dû être prolongé le lendemain.

"Nous savions que nous allions participer à des élections entachées d'irrégularités. Nous avons une liste électorale incorrecte, un découpage des circonscriptions bancal. Le scrutin a été entaché d'anomalies. L'environnement électoral était biaisé", a encore dénoncé  l'opposant Nelson Chamisa dimanche 27 août.

Nous attendons du changement, du développement et de la stabilité économique.

Tinashe Gunda, électrice zimbabwéenne

Des électeurs désemparés

Dans les rues de Harare, au lendemain de l'annonce des résultats, certains lisaient les journaux quand d'autres laissaient parler leur désillusion. "Les résultats ne sont pas bons, il y a quelque chose qui ne colle pas quelque part", est convaincu Godwell Gonye, interrogé par l'AFP.

Un peu plus loin, un autre avoue ne même pas avoir regardé les résultats de près. "Nous les acceptons tels qu'ils sont, c'est la décision de la majorité et nous la respectons", dit cet homme avec fatalisme. Pourtant, Tinashe Gunda n'en démord pas, "ici nous attendons du changement, du développement et de la stabilité économique".

Pour remporter le scrutin, l'opposition comptait sur cet espoir de vie meilleure, face à une corruption rampante et des pénuries d'essence, de pain ou de médicaments, dans une économie sinistrée depuis une vingtaine d'années.

Un scrutin marqué par des irrégularités

Au cours de ce scrutin, les observateurs internationaux ont souligné de "graves problèmes". Selon eux, ils ont relevé une violation de "nombreuses normes internationales" régissant des élections démocratiques, entachant de fait la "transparence" du scrutin.

Selon les observateurs de l'Union européenne (UE), d'Afrique australe (SADC) et des pays du Commonwealth, des électeurs étaient introuvables sur les listes. D'autres ont été la cible d'intimidations dans les bureaux. Le vote s'est malgré tout tenu dans un contexte "calme et pacifique", ont-ils souligné.

Mais déjà durant la campagne, la répression de l’opposition a été sans nuance. Le CCC a dénoncé l'interdiction de dizaines de meetings et des arrestations d'opposants, dans un pays déjà accablé par une longue histoire d'élections entachées d'irrégularités.

La mise en garde du président sortant

Emmerson Mnangagwa, qui s'est exprimé plus tôt dans la journée du palais présidentiel, a défié ceux contestant sa réélection d'aller en justice : "Ceux qui estiment que la course ne s'est pas déroulée correctement doivent savoir où aller".

Réaffirmant l'"indépendance et la souveraineté" du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa mis en garde contre les critiques. "En tant qu'État souverain, nous demandons à nos invités de respecter nos institutions nationales", a-t-il souligné, préférant porter l'attention sur "l'énorme participation à l'exercice de ce droit sacré qu'est le vote". Près de 69% des inscrits se sont rendus aux urnes.

En 2018, Emmerson Mnangagwa, successeur de Robert Mugabe, avait été élu de justesse (50,8%). À la suite du scrutin, l'armée avait tiré sur des manifestants deux jours après le scrutin, faisant six morts. Nelson Chamisa, déjà son adversaire à la présidentielle, avait sans succès contesté le résultat devant la justice.

Le Zimbabwe a longtemps été dirigé d'une main de fer par le héros de la libération. Robert Mugabe. Écarté en 2017 par un coup d'État, l’ancien dirigeant est mort le 6 septembre 2019.