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Présidentielle centrafricaine : "une mascarade" selon une partie des candidats

Une vingtaine de candidats à la présidentielle en Centrafrique ont exigé lundi "l'arrêt des opérations électorales", dénonçant "une mascarade" après la publication de résultats partiels donnant une avance confortable à un outsider proche de l'ex-président Bozizé.

Portant sur environ 25% des votants, soit 557.747 voix, les résultats du premier tour le 30 décembre confirmaient que le candidat indépendant Faustin Archange Touadéra faisait la course en tête devant plusieurs favoris, selon l'Autorité nationale des élections (ANE).

Ancien Premier ministre (2008-2013) de l'ex-président François Bozizé renversé en 2013, M. Touadéra, qui faisait figure d'outsider avant l'élection, a recueilli 146.775 voix, loin devant Anicet Georges Dologuélé, un autre ancien Premier ministre qui a reçu le soutien officiel du parti de M. Bozizé (109.519 voix).

Arrivent en quatrième et cinquième position deux fils d'anciens présidents, Jean-Serge Bokassa (68.815 voix), et Désiré Kolingba (57.139). Martin Ziguélé, autre poids lourd de cette présidentielle souvent présenté comme le candidat de la France et qui fut l'un des principaux opposants à l'ex-président, totalise quant à lui 36.442 voix.

L'ANE a enregistré un fort taux de participation (71%) pour les suffrages déjà décomptés.

Dans une déclaration commune que l'AFP a pu consulter, les signataires font état de nombreuses irrégularités suite à la publication de ces premiers résultats. Ils refusent "d’être complices" de ce qu'ils appellent une "mascarade électorale" et exigent "purement et simplement l'arrêt" des opérations "au profit d'un processus concerté".

Ils invitent "tous les acteurs impliqués à se mettre autour de la table pour définir les modalités pour la +sauvegarde de la nation+".

Le texte fait état de "graves irrégularités et intimidations dans le déroulement du scrutin, et de manipulations de nature à remettre fondamentalement en cause la sincérité, la transparence et la crédibilité du scrutin", sans toutefois préciser lesquelles.

- Surprise à Bangui -

Sur 30 candidats, une vingtaine ont déjà signé ce texte, notamment Karim Meckassoua, présenté comme l'un des favoris de l'élection, et un autre fils d'ancien président, Sylvain Patassé.

En revanche, les candidats pour l'instant en tête de la course - notamment Faustin Archange Touadéra et Anicet Georges Dologuélé - ne figurent pas parmi les signataires.

"Comment Touadéra peut-il arriver en tête alors qu'il n'a quasiment pas battu campagne, que ce soit à Bangui ou en province? Les instances internationales se sont jouées de nous (...) c'est comme si on réinstallait Bozizé au pouvoir", a affirmé un membre de l'entourage frustré de M. Patassé, qui n'a pour l'instant recueilli que 7.913 voix.

Le score enregistré par M. Touadéra, qui a certes beaucoup surpris à Bangui, se base sur des résultats provenant notamment de sa région natale (l'Ombella M'poko) et de certaines provinces où sont fortement implantées les Ngbaka Mandja, l'ethnie dont il est issu, a toutefois souligné un observateur.

Près de deux millions d'électeurs centrafricains étaient appelés aux urnes le 30 décembre pour élire un nouveau président et leurs représentants à l'Assemblée nationale. Ces scrutins sont censés sortir le pays de trois années de violences intercommunautaires qui ont ravagé le pays.

Dans ce pays très pauvre de 4,8 millions d'habitants, essentiellement rural, les électeurs ont participé massivement et dans le calme aux deux scrutins qui avaient déjà été plusieurs fois reportés, tant en province que dans la capitale.

Le vote avait été qualifié de "succès" par la communauté internationale qui a salué l'absence de violences et d'incident majeur.

Les résultats définitifs seront rendus publics dans les prochains jours. Un probable second tour est prévu le 31 janvier.

La Centrafrique est plongée dans le chaos depuis le renversement du président François Bozizé en mars 2013 par l'ex-rébellion Séléka, à dominante musulmane, elle-même finalement chassée du pouvoir par une intervention internationale menée par la France dans son ancienne colonie début 2014.