Les Algériens étaient appelés aux urnes ce jeudi 12 décembre pour élire leur prochain président. Ils avaient le choix entre cinq candidats. La participation est l'un des enjeux de ce scrutin, rejeté par une partie de la population.
Le taux de participation
Selon le président de l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie), Mohamed Charfi, le taux de participation à la présidentielle - enjeu majeur du scrutin - était de 39,93%, c'est le taux le plus bas de l'histoire. Il était de 37,06% à 17H00 locales lors de la dernière présidentielle en 2014, où seuls 50,7% des votants s'étaient déplacés.
Un chiffre à surveiller de près tant l'enjeu de la participation est important.
Manifestation à Alger
La police a tenté de bloquer les rassemblements à Alger, comme au carrefour de la Grande Poste. Mais la pression des manifestants a été si forte que les barrages ont cédé.
"Toute l'Algérie est dehors", clame un manifestant. Dans d'autres quartiers, le calme règne.
Dans la capitale Alger, malgré un important déploiement policier, une dizaine de milliers de personnes ont réussi à se rassembler pour manifester contre le scrutin. Les précisions de notre envoyé spécial, Slimane Zeghidour.
Un important déploiement policier a été mis en place à Alger dès le matin.
Les Algérois ont commencé à manifester dès le matin.
En Kabylie, 2 centres de vote assiégés
Un centre de vote a été saccagé jeudi à Béjaïa, grande ville de la région algérienne frondeuse de Kabylie (nord).
Deux sont assiégés par des opposants au scrutin présidentiel qui s'est ouvert dans la matinée, selon des témoins et des sources sécuritaires.
Ces opposants au scrutin "ont saccagé des urnes et détruit une partie des listes électorales" et des bulletins à l'école Ibn Toumert, ont rapporté des témoins, contactés par l'Agence France-Presse depuis Alger.
Des images publiées sur les réseaux sociaux montrent de nombreux jeunes déchirant des listes électorales dans une cour d'école jonchée de bulletins de vote :
Des témoins avaient précédemment fait état d'un deuxième centre de vote saccagé, ce qu'ont démenti des sources sécuritaires à l'AFP.
En revanche, deux centres de vote sont actuellement assiégés et les opérations de vote ont dû être annulées dans l'un d'entre eux, selon ces sources.
A Tizi Ouzou, une foule importante assiège le centre de vote Kerrad Rachid, selon des témoins. Dans un autre, les assesseurs ont été contraints de sortir par des opposants au scrutin.
D'après des habitants, une manifestation anti-élection se déroule à Bouira, autre localité de Kabylie, région où se concentre la plus grande partie de la minorité berbérophone d'Algérie.
Le vote des candidats
Autour de 10 heures du matin, le plus jeune des cinq candidats, Abdelaziz Belaïd, 56 ans, est allé voter dans le quartier Hussein Dey à Alger. Il a livré à Slimane Zeghidour son sentiment au matin de cette présidentielle.
Un peu plus tard, un autre candidat, Azzedine Mihoubi, s'est également rendu aux urnes.
Ouverture des bureaux de vote
Les bureaux de vote sont restés ouverts de 8 heures heure locale à 19 heures.
Dans la matinée, la télévision nationale diffusait des images de files d'attente dans des bureaux de vote à Alger.
Dans le journal de 7h TU sur TV5MONDE, notre envoyé spécial à Alger Slimane Zeghidour évoque les dernières informations au moment où s'ouvrent les bureaux de vote.
Une élection sur fond de division
Selon le site TSA, des manifestations se sont poursuivies tout au long de la nuit de mercredi à jeudi à Alger mais aussi dans différentes villes du pays.
Initialement prévue en avril, la présidentielle avait été reportée à juillet. Mais face à la contestation et en l'absence de candidats, le scrutin avait une nouvelle fois été reporté, au 12 décembre.
Entre juillet et décembre, les griefs restent les mêmes : une grande partie des Algériens ne veulent pas d'une présidentielle organisée par un système qu'ils rejettent en bloc. Quant aux cinq candidats, ils ont tous travaillé avec le président Bouteflika.
Le vote des Algériens à l'étranger
Les Algériens vivant à l'étranger ont commencé à voter samedi 7 décembre. Les bureaux de vote à l'étranger, ouverts depuis samedi, sont quasi-vides et les rares votants essuient les insultes et quolibets d'opposants au scrutin.
TV5MONDE s'est rendu au consulat d'Algérie à Paris. Nous avons rencontré des Algériens, opposés au vote, qui se sont abstenus ce jour-là.
Des candidats liés à l'ancien président Bouteflika
Les électeurs ont le choix entre cinq candidats : Ali Benflis, Abdelmajid Tebboune, Azzedine Mihoubi, Abdelaziz Belaïd et Abdelkader Bengrina.
La campagne électorale a pris fin dimanche 8 décembre. Vendredi 6, un débat inédit entre tous les candidats a été retransmis à la télévision.
Depuis le 22 février, le régime est massivement contesté par un mouvement inédit, le Hirak. Après avoir obtenu en avril la démission d'Abdelaziz Bouteflika, à la tête de l'Etat depuis 20 ans, le "Hirak" exige le démantèlement de l'ensemble du "système" politique au pouvoir depuis l'indépendance en 1962.