Présidentielle en Côte d'Ivoire : troubles à Yamoussoukro et Bonoua

À la veille de l'élection présidentielle, des incidents ont éclaté vendredi matin à Yamoussoukro, capitale politique de Côte d'Ivoire, et à Bonoua. Selon des habitants et un journaliste, plusieurs centaines de jeunes et les forces de l'ordre se sont opposées. Dans le même temps, des Abidjanais quittent la ville, de peur de violences post-électorales.
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Un partisan du candidat à la présidentielle, Kouadio Konan Bertin, saute une barrière en arrivant au dernier rassemblement électoral à Abidjan, le jeudi 29 octobre 2020. 
AP Photo/Leo Correa
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Les forces de l'ordre se sont interposées entre des jeunes des quartiers baoulé (ethnie locale, traditionnellement favorable à l'opposition) et des jeunes des quartiers dioulas (ethnie du nord du pays, réputée proche du pouvoir), qui voulaient en découdre, ont rapporté des habitants à l'Agence France-Presse.

La police a dispersé les jeunes avec des gaz lacrymogènes, et démantelé des barricades dans les quartiers "220 logements", "Assabou" et "Morofé", de même source.

Les troubles ont duré toute la matinée. En début d'après-midi, l'atmosphère restait "tendue", selon un journaliste, les jeunes jouant au chat et à la souris avec la police, qui tentait de disperser de nombreuses barricades. Aucun bilan n'était disponible dans l'immédiat.

A Bonoua, fief de l'opposition, les forces de l'ordre ont dispersé des barrages dans la matinée, selon une source policière. Une manifestation de l'opposition s'était soldée par un mort et des blessés le 19 octobre dans cette ville, ancien fief de l'ex-Première dame Simone Gbagbo. Une trentaine de personnes sont mortes dans des troubles et des violences intercommunautaires depuis le mois d'août, en Côte d'Ivoire.

Le président Alassane Ouattara, 78 ans, se représente pour un troisième mandat controversé. La Constitution ivoirienne n'autorise que deux mandats présidentiels, mais selon le pouvoir, l'adoption d'une nouvelle Constitution en 2016 a remis le compteur à zéro. Ce que conteste farouchement l'opposition, qui a appelé à la "désobéissance civile" et au "boycott du processus électoral".

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L'opposition, incarnée par l'ex-président Henri Konan Bédié, 86 ans, et Pascal Affi N'Guessan, un ancien Premier ministre de 67 ans, n'a pas fait campagne. Mais les deux hommes ne se sont pas formellement retirés du scrutin.
 

Des Abidjanais quittent la ville pour "ne pas revivre 2010"

"Je ne veux pas revivre ce qu'on a vécu en 2010": Véronique Yao, commerçante à Abidjan, a décidé de fuir la capitale ivoirienne avec son jeune fils, redoutant des violences meurtrières à l'occasion de l'élection présidentielle samedi.

"Si tout se passe bien, on reviendra. Tout dépend de ce qui va se passer", dit-elle à l'AFP avant de monter dans un bus pour Tiebissou (centre). Comme d'autres habitants de la capitale, elle a fait sa valise pour rejoindre sa ville natale, à trois heures de route, avec en mémoire la crise de 2010-2011 qui avait fait 3.000 morts.

Depuis la semaine dernière, le nombre de passagers a augmenté à la gare routière d'Adjamé (commune populaire de la capitale économique). Jeudi, des dizaines de passagers, chargés de valises, sacs et baluchons s'engouffraient dans des bus à destination de la province.

"Je voyage aujourd'hui par rapport à ce qui s'est passé la dernière fois (la crise de 2010-2011, ndlr). C'est la même menace. Je suis très inquiète. C'est mieux d'être en famille", confie Sandrine Dia Amoin, en partance pour Yamoussoukro.

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