Fil d'Ariane
Les bureaux de vote n'étaient toujours pas ouverts, trois heures après le début du vote pour l'élection présidentielle, à Daoukro et Bongouanou (fiefs de l'opposition), où des jeunes ont érigé des barricades.
"Nous nous sommes levés très tôt pour ériger des barricades pour empêcher toute élection et respecter le mot d'ordre de boycott", a expliqué Jean, jeune opposant, debout devant un amas de branchages dressés sur la voie principale de la ville de Daoukro, fief de l'ex président et candidat d'opposition, Henri Konan Bedié.
"Les bureaux de vote ne sont pas ouverts, il n'y a pas de corps habillés (forces de l'ordre, NDLR) en ville on n'est pas en sécurité. Il y a la peur", a affirmé Fomgbé Idrisa, devant l'école primaire Le Plateau, regrettant de ne pouvoir voter.
"Cela fait une semaine qu'un important détachement militaire est présent dans la ville pour sécuriser le scrutin. Où sont-ils ? que font-ils ?", a demandé Kassoum Touré, responsable du parti du président Alassane Ouattara à Daoukro.
A Bénanou, village près de Daoukro, à quelques encablures de la résidence d'Henri Konan Bedié, un gros tronc d'arbre barrait la chaussée menant jusqu'à la ville voisine Bocanda distante de 70 km.
A la mi-journée, notre correspondante Christelle Pire nous faisait un point sur la situation.
Selon des membres locaux du RHDP et du FPI, le vote n'a pas eu lieu a Bongouanou (fief du candidat d'opposition Pascal Affi N'Guessan) en raison du blocage du matériel sur les routes. Certains bureaux ont ouvert mais sans bulletins de vote.
Les quelque 7,5 millions d'électeurs ivoiriens (sur 25 millions d'habitants) ont le choix entre quatre candidats: le président Ouattara, 78 ans, l'outsider Kouadio Konan Bertin, 51 ans, l'ancien président Henri Konan Bédié, 86 ans, chef du principal parti d'opposition et Pascal Affi N'Guessan, 67 ans, ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo.
Ces deux derniers ne se sont pas formellement retirés du scrutin mais n'ont pas fait campagne, appelant à un "boycott actif" du "processus électoral".
Dans le quartier Blockhauss à Abidjan, des heurts ont eux lieux entre manifestants et forces de l'ordre.
"J'en appelle à ceux qui ont lancé un mot d'ordre de désobéissance civile qui a conduit à des morts d'hommes: qu'ils arrêtent! (...) Je dis aux jeunes de ne pas se laisser manipuler. Il s'agit de leur avenir", a affirmé M. Ouattara, qui a voté à 11h30 au lycée Saint Marie dans le quartier chic de Cocody.
L’apocalypse et la catastrophe se sont abattues sur la Côte d’Ivoire ce jour de 2020.
— Guillaume K. Soro (@SOROKGUILLAUME) October 31, 2020
Je ne reconnais plus @AOuattara_PRCI comme Président de la République.
Peuple de Côte d’Ivoire nous n’avons aucune autre option que celle d’œuvrer au départ de @AOuattara_PRCI du pouvoir. pic.twitter.com/SfTGOy3Vmz
Les bureaux de vote ont fermé leurs portes et les dépouillements sont en cours. Dans les bureaux auxquels notre correspondante, Christelle Pire, a eu accès, Alassane Ouattara est largement en tête. Dans les quartiers plutôt acquis à l’opposition, le taux de participation, qui sera un des enjeux majeurs du scrutin, est très faible.