Présidentielle en Guinée : Alpha Condé confiant, l’opposition tendue
Ce dimanche, les six millions de Guinéens sont appelés aux urnes pour désigner leur président. Alpha Condé, l’actuel chef d’Etat, brigue un troisième mandat. Un scrutin sous tension car l’opposition critique fortement l’organisation des élections et menace déjà de contester les résultats. Le camp du président, lui, affiche son ambition d’une réélection au premier tour.
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09 oct. 2015 à 14h20 (TU)
Mis à jour le
Laura Mousset (avec AFP)
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Sur cette photo du 8 octobre 2015, un jeune homme montre son bras blessé lors d'un rassemblement du parti du candidat Cellou Dalein Diallo, à Conakry. Les affrontements entre les partisans de l'opposition et ceux du pouvoir en place montre l'ambiance à la veille de l'élection présidentielle du 11 octobre.
J-2 avant le grand jour, et la tension est palpable en Guinée. Après une campagne relativement apaisée, le ton est monté autour du report des élections, exigé par l’opposition guinéenne. Les sept adversaires d’Alpha Condé demandent toujours un report de la présidentielle d’au moins une semaine pour vérifier la fiabilité des listes électorales qu’ils estiment truquées et régler les problèmes de cartes d’électeur. En effet, si la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) se dit prête pour le scrutin de dimanche, elle reconnaît cependant d’importantes disparités entre régions (de 45 à 90 %) quant à l’avancement de la distribution des cartes d’électeur, à quelques jours du vote.
Rejet des résultats
Cette organisation approximative agace les candidats en lice pour l’élection face au président sortant. « On ne participera pas à une mascarade électorale. Sinon, on acceptera pas les résultats et je mobiliserai avec tous les autres candidats la population pour refuser », a déclaré Cellou Dalein Diallo, chef de file de l’opposition.
Violences
Alors que les partis politiques de l’opposition montent au créneau pour se faire entendre, sur le terrain, la population semble perdre son calme. Jeudi, des affrontements entre partisans de l’opposition et ceux du président sortant, ont fait au moins deux morts et de nombreux dégâts dans la capitale Conakry. Le ministre de l’Intérieur Mahmoud Cissé a appelé la population et les militants de toutes les formations politiques à faire « preuve de retenue et à maintenir le calme dans la cité », prévenant qu’ « aucun trouble à l’ordre public ne sera toléré ».
Près de 19 000 policiers, gendarmes et agents de la protection civile sont déployés pour veiller à la sécurisation du scrutin, avant, pendant et après le vote. Un dispositif qui s’appuie sur l’expérience des deux précédents scrutins en Guinée : la présidentielle de 2010 et les législatives de 2013. Ils avaient été émaillés de violences et d’accusations de fraude.
Alpha Condé confiant
De son côté, le président sortant affiche sa sérénité quand à sa réélection. Son slogan de campagne parle de lui-même : "Un coup KO". Alpha Condé s’est, en effet, fixé l’objectif de se faire réélire au premier tour. Fier de son bilan, il le dit « amoindri » par l’épidémie Ebola qui s’est déclarée en 2013. « Malgré Ebola, il n’y a qu’à voir ce que nous avons fait en cinq ans. Demandez au peuple de Guinée, ce que nous avons fait en cinq ans, si les autres l’ont fait en cinquante ans. Posez la question dans la rue », a déclaré le président dans une interview.
Le 29 septembre dernier, le chef de l’Etat a inauguré le barrage hydroélectrique de Kaléta, sur le fleuve Konkouré, à 150 km au nord-est de Conakry. Il permet de produire 240 mégawatts. « Sans l’électricité, l’Afrique ne peut pas se développer. Avec l’électricité, nous pouvons nous industrialiser et nous ne verrons plus nos enfants mourir ans les eaux de la Méditerranée parce qu’ils désespèrent de l’Afrique », a-t-il déclaré (voir notre reportage).
Depuis la mise en service du barrage, la puissance électrique du pays a été doublé. Un succès sur lequel le président compte bien surfer lors du scrutin de dimanche.