Dernier jour de campagne en Guinée-Bissau. Dimanche 29 décembre 2019 les citoyens sont appelés à élire le président de la République. Ils devront départager Domingos Simões Pereira arrivé en tête lors du premier tour avec 40.1% des suffrages et Umaro Sissoco Embaló (27.7%). Quatre questions pour comprendre les enjeux de ce second tour.
Qui sont Domingos Simões Pereira et Umaro Sissoco Embaló ?
Les deux hommes politiques ont pour point en commun d'être d'ex-Premiers ministres du président sortant Jose Mario Vaz. Ils ont milité ensemble au sein de la même formation politique : le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap Vert (PAIGC). Depuis, leurs chemins se sont séparés...
Domingos Simões Pereira
Ses partisans le surnomme "DSP". A 56 ans, il est à la tête du parti historique de Guinée-Bissau le PAIGC depuis 2014. Diplômé en sciences politiques, il a été Premier ministre pendant un an avant d'être limogé en 2015 par le président sortant José Mario Vaz. Depuis, les deux hommes ne cachent plus leur hostilité réciproque.
Umaro Sissoco Embaló A 47 ans, Umaro Sissoco Embaló surnommé
"le général" se présente à la présidentielle bissau-guinéenne sous l'étiquette du Mouvement pour l'alternative démocratique (Madem G-15). Ancien général, il est diplômé en sciences politiques.Umaro Sissoco Embaló a été Premier ministre de José Mario Vaz durant une année entre novembre 2016 et janvier 2018. Cette même année, avec d'autres élus dissidents du PAIGC il fonde le MADEM G-15.
Comment s'est déroulé la campagne ?
Quelques semaines avant l'élection le climat politique en Guinée-Bissau était des plus tendus. Le président sortant Jose Mario Vaz a limogé son Premier ministre Aristides Gomes, en charge de la tenue du scrutin, puis s'est séparé d'une partie du gouvernement. Des actions politiques condamnées par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
Dans un communiqué daté du 29 octobre 2019, la CEDEAO s'est dite
"préoccupée par l'évolution de la situation politique marquée, entre autres, par des informations sur un coup de force visant à remettre en cause les institutions". Plus loin, la CEDEAO "réitère tout son soutien au Premier ministre Aristides Gomes et à son gouvernement." Une délégation de présidents de l'Union Africaine s'est également rendue sur place.
Près de 700 000 électeurs étaient appelés aux urnes le 24 novembre dernier. Lors de ce premier tour de la présidentielle les électeurs se sont déplacés en nombre, plus de 74% des inscrits ont voté dans le calme. Soumeylou Boubèye Maïga, ex-Premier ministre malien, à la tête de la mission d'observation de la CEDEAO a salué l'atmosphère de
"convivialité".Quels sont les principaux sujets de cette campagne ?
L'exercice du pouvoir de façon pacifique fait partie des principales préoccupation des électeurs.
D'autres sujets ont également rythmés cette campagne. L'éducation fait partie des préoccupations des Bissau-Guinéens. L'année scolaire dernière, faute de salaire les professeurs ont fait grève pour protester. Pour beaucoup d'étudiants cela a été synonyme d'une année blanche. Aujourd'hui encore, les difficultés au sein de l'éducation s
ont loin d'être réglées. Le secteur de la santé est aussi sinistré et le pays était au 178e rang sur 188 de l'indice du développement humain en 2016 selon la Banque africaine de développement.
Gouverner, mais comment ?
Le spectre d'un coup d'Etat semble s'éloigner. L'un des principaux enjeux de cette présidentielle est la stabilité à la tête du pouvoir. Jose Mario Vaz devrait ainsi être le premier président à terminer son mandat. Le chef de l'Etat sortant est arrivé quatrième avec 12.4% des voix et a reconnu sa défaite "afin de contribuer à la pacification de la Guinée-Bissau."
Depuis 2015, date de la guerre ouverte entre Jose Mario Vaz et Domingos Simões Pereira le pays est enlisé dans une crise politique.
En Guinée-Bissau le régime est semi-présidentiel. Le Premier ministre gouverne le pays. Lors des élections législatives du 10 mars 2019 le PAIGC de Domingos Simões Pereira a remporté l'élection avec 47 députés mais sans obtenir de majorité absolue, suivi du MADEM-G15 d'Umaro Sissoco Embaló avec 27 élus, puis le Parti du renouveau social (PRS) avec 21 sièges.
Le nouveau président élu devra donc composer avec une assemblée loin de lui être acquise. Umaro Sissoco Embaló s'est dit prêt à diriger le pays avec le PAIGC s'il est élu. Et entre le premier et le second tour, le candidat du MADEM-G15 a engrangé des soutiens parmi les anciens candidats : José Mario Vaz, Nuno Nabiam - le troisième homme de cette présidentielle et Carlos Gomes Junior. Pour le second tour, le PRS apporte aussi son soutien au candidat.
Du côté de Domingos Simões Pereira, les ralliements sont plus modestes. Baciro Dja, candidat malheureux au premier tour avec 1.28% des suffrages appelle à voter DSP.