Le 4 janvier 1959, des manifestants congolais se lèvent au prix de leur vie pour dénoncer le pouvoir colonial belge. 60 ans plus tard, le pays célèbre les martyrs de l'indépendance. Et les Congolais attendent toujours les résultats de l'élection présidentielle du 30 décembre.
Ce vendredi 4 janvier encore, devant le monument aux morts, ils sont venus rendre hommage à ceux qui sont tombés le 4 janvier 1959 à Leopoldville, devenue Kinshasa.
Trois jours de troubles et d'émeutes nés de l'interdiction d'une manifestation du parti ABAKO - Alliance des Bakongo - réprimés par les autorités coloniales belges. Le bilan des morts reste disputé. Mais tous retiennent en ces événements le déclenchement de la conquête de l'indépendance de la RD Congo, un an et demi plus tard. "Aujourd'hui, grâce à l'indépendance chèrement acquise par nos compatriotes, dire que leur sang n'a pas coulé pour rien (...) Nous en sommes au quatrième président de la République. Et bientôt sera proclamé le cinquième président de la République", déclare Claude Nyamugabo, gouverneur du Sud-Kivu.
Or 60 ans plus tard et après un quart de siècle de loyaux services dans l'armée, eux attendent avec impatience le nouveau président qui les prendra en considération : "La vie est vraiment difficile, on nous donne 200 francs, 800 francs. A quoi bon célébrer cette date ? Ils font ça chaque année, mais rien de plus", témoigne un ancien combattant.
Un sentiment d'ingratitude donc, qui se conjugue à l'attente de l'annonce des résultats de la présidentielle. Le vainqueur, la conférence des évêques, affirme connaître son nom au vu des retours des quelque 40 000 observateurs déployés dans le pays le 30 décembre. Cela n'est pas du goût de tous : "Certaines associations ecclésiastiques commencent à dire en avance celui ou le camp qui a gagné les élections. Ce qui nous met dans une psychose, parce que certaines personnes sont en train de prédire l'apocalypse ou l'hécatombe", affirme un habitant du Bukavu.
Or la Commission électorale, seule habilitée à proclamer les résultats, a suggéré que ces derniers pourraient être retardés au-delà du 6 janvier, date initialement prévue. 20% à peine des PV remontant des bureaux de vote auraient été traités depuis ce dimanche. L'attente se poursuit donc entre espoirs et tension en RDC.