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Le président Joseph Kabila et deux ténors en exil, Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi pourront-ils participer à l'élection présidentielle prévue le 23 décembre 2018 ?
Tous les yeux se tournent vers le "raïs" aux manières de sphinx, Joseph Kabila, qui jure son total respect pour la Constitution sans dire formellement qu'il quittera le pouvoir. Selon une lecture littérale de la Constitution qu'il a lui-même promulguée, Kabila, élu en 2006 et réélu en 2011, ne peut pas se présenter à un troisième mandat.
Il est même hors mandat depuis la fin de son second quinquennat le 20 décembre 2016. La source de son pouvoir se trouve dans une disposition qui lui permet de rester "en fonction jusqu'à l'installation effective d'un successeur élu" et dans un accord politique du 31 décembre 2016.
Toujours le plus jeune président du continent à 47 ans, Kabila n'a pas désigné de dauphin, et ses très nombreux adversaires le soupçonnent de vouloir se maintenir coûte que coûte.
Les électeurs en sauront bientôt plus. Ce mercredi 24 juillet signe l'ouverture du dépôt des candidatures à l'élection présidentielle jusqu'au 8 août. La veille, deux candidats en exil se sont exprimés.
Jean-Pierre Bemba, l'ex-vice-président de RDC, a d'ailleurs donné, dans l'après-midi, une conférence de presse à Bruxelles relative à sa candidature. "J'ai de l'expérience dans la gestion de l'Etat, dans le domaine de la sécurite, j'ai un programme à présenter", a déclaré Jean-Pierre Bemba, en montrant un dossier. "Je l'ai écrit à la Haye (où se trouve la CPI, ndlr)".
Acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, l'ex-chef de guerre Jean-Pierre Bemba va faire son retour le 1er août à Kinshasa après onze ans d'absence en RDC. C'est en tous cas ce qu’a annoncé son parti qui l'a investi candidat à l'élection présidentielle.
L'un de ses proches assure qu'il a déjà son passeport congolais.
En liberté provisoire et conditionnelle en Belgique, Bemba est poursuivi par la CPI dans une affaire annexe pour subornation de témoins, dans laquelle le procureur a requis cinq ans de prison, sans donner de date pour le verdict.
> Relire notre article : Coup de théâtre à la CPI : le Congolais Jean-Pierre Bemba acquitté
Jean-Pierre Bemba a indiqué lors de son point presse qu'il n'était pas le même homme qu'il y a 10 ans :
#RDC #Elections : "évidemment que j'ai changé, j'ai 10 ans de plus, j'ai 10 ans d'une expérience différente", dit Jean-Pierre Bemba. "Mon retour au pays est sans idée de rancune ou de vengeance. je suis tourné vers l'avenir, je ne regarde plus vers le passé"
— Sonia Rolley (@soniarolley) July 24, 2018
Peu de temps avant cette conférence de presse, c'est un autre candidat à la présidentielle, Moïse Katumbi qui faisait parler de lui par la voix de son avocat français.
Dans ses bureaux parisiens, Maître Éric Dupont-Moretti a fait le point sur les affaires concernant son client lui aussi en exil en Belgique. Cet ex-proche de Kabila est passé dans l'opposition en 2015 et vit en exil depuis mi-2016.
> A relire :
- RDC : l'opposant Moïse Katumbi lance son parti politique
- RDC : ouverture d'une information judiciaire contre Moïse Katumbi
Il a été condamné en RDC à trois ans de prison dans une affaire de spoliation immobilière dont il conteste tout fondement. "Il n’y a plus d‘affaires judiciaires aujourd'hui contre Moïse Katumbi", assure son avocat français Eric Dupont-Moretti, ce mardi 24 juillet, en égrenant tous les dossiers concernant son client.
"S’il retourne en prison (de retour en RDC, ndlr), ajoute l'avocat, c’est à l’évidence une arrestation arbitraire. (...) Sur l’affaire des mercenaires, la procédure a été suspendue par la Cour suprême le 27 juin dernier parce qu’il y avait de trop nombreuses irrégularités."
Il a aussi rappelé à plusieurs reprises que la Cour des droits de l’Homme des Nations unies a déjà exigé, en mai 2017, que la sécurité de Moïse Katumbi soit garantie lors de son retour au pays.
En droit, il n'y a aucun obstacle pour que [Moïse Katumbi] retourne en RDC.
Maître Dupont-Moretti , avocat français de Moïse Katumbi.
Pourra-t-il rentrer dans son pays pour y déposer sa candidature dans les temps ? Son avocat assure qu' "en droit il n'y a aucun obstacle pour que [Moïse Katumbi] retourne en RDC." Quant à la question du passeport biométrique qu'il n'a pas, Maître Dupont-Moretti répond : "Il n’y a pas d’affaire de passeport. On sait très bien qui est Moïse Katumbi. Rien n’interdit qu’il rentre à Kinshasa."
#RDC selon @OlivierKamitatu « @moise_katumbi va rentrer dans les tous prochains jours pour déposer sa candidature » pic.twitter.com/YY0xySG56H
— Christophe RIGAUD (@afrikarabia) July 24, 2018
La publication provisoire des candidats est prévue le 24 août, avant la liste définitive le 19 septembre. Le temps pour la commission électorale de vérifier si les candidats réunissent toutes les conditions, et qu'ils ont bien versé leur caution de 100.000 dollars. Des recours sont possibles devant la Cour constitutionnelle, où Kabila a nommé récemment deux proches parmi les neuf juges.
A l'approche de ces échéances, l'exécutif a aussi annoncé des nominations à la tête de l'armée, avec changement de chef d’état-major et promotion de deux officiers inscrits sur une liste noire américaine pour "des actions qui ont sapé le processus démocratique en RDC".