Présidentielle en RDC : le pays toujours dans l'attente des résultats provisoires

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©TV5MONDE/ S. Rodier, S. Alayrangues, B. Basomboli, A. Fouchard
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Les résultats provisoires de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo devaient être annoncés ce mercredi à 23 heures. Finalement, c'est à minuit passé que les membres de la Céni ont entrepris de donner les résultats des élections locales, circonscription par circonscription... Le nom du président devrait  suivre, en fin de nuit, ce jeudi...

Ce mercredi soir, les résultats provisoires de la présidentielle devaient être publiés à 22h (GMT) selon le président de la Céni, soit plus de 24 heures après le début des délibérations de la commission électorale. Dans tout le pays, c'est toujours l'attente. 

> La situation à Kinshasa à 22 heures avec notre envoyée spéciale Patricia Huon :

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Les choses se sont précipitées depuis les annonces hier soir de la Céni. "L'assemblée plénière de la Céni a entamé, ce mardi 8 janvier 2019 depuis 19h00, une série de plénières d'évaluations et de délibérations à l'issue desquelles elle procédera à la publication des résultats provisoires de l'élection présidentielle", avait indiqué la Céni dans un Tweet à 20h42 mardi soir (19h42 GMT).

"C'est un travail colossal qui ne peut pas se terminer en quelques heures", a déclaré à l'AFP le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) Corneille Nangaa.


Dans l'après-midi, des habitants de la capitale ont pris d'assaut plus tôt que d'habitude les transports collectifs sur la foi de la rumeur d'une proclamation imminente des résultats provisoires.

Renvoi sine die la publication des résultats

La Céni avait renvoyé dimanche sine die l'annonce des résultats provisoires de l'élection présidentielle du 30 décembre qui doit désigner le successeur du président Joseph Kabila.

Trois principaux candidats sont en lice, le dauphin et candidat du pouvoir, l'ex-ministre de l'Intérieur sous sanctions de l'Union européenne Emmanuel Ramazani Shadary, et les deux opposants Martin Fayulu et Félix Tshisekedi.

De nombreuses voix ont demandé à la Céni de proclamer "la vérité des urnes", comme la Conférence épiscopale qui affirme depuis plusieurs jours connaître le vainqueur.

Mardi 8 janvier, M. Fayulu a lancé sa propre mise en garde: "Les résultats électoraux ne se négocient point".
 

"Devant Dieu et la Nation"              

Comme la Conférence épiscopale, il affirme que "le peuple congolais connaît déjà le résultat" et "le véritable vainqueur de l'élection présidentielle".

L'UDPS de l'opposant Félix Tshisekedi a aussi mis en garde "la Céni contre toute conspiration qui modifierait l'expression de la volonté du souveraine primaire".
La principale dénomination protestante, Eglise du Christ du Congo, a demandé à la Céni de tenir "ses promesses, faites devant Dieu et devant la nation, d'offrir à la nation la vérité et rien que la vérité des urnes".

Le chemin vers la vérité passe par les 179 Centres locaux de compilation des résultats (CLCR) où sont traités les résultats des bureaux de vote, avant de remonter à la Céni.
"Dans 92% des CLRC, les résultats compilés des procès-verbaux de dépouillement n'ont pas été affichés à l'extérieur", a relevé l'ONG d'observation électorale Symocel.

La journée a été marquée par la main tendue de l'UDPS au président sortant Joseph Kabila. Son secrétaire général, Jean-Marc Kabund, n'a pas démenti des "rumeurs faisant état d'un rapprochement entre le président sortant" et Félix Tshisekedi, le candidat de l'UDPS.

M. Kabund a déclaré que Félix Tshisekedi était "pressenti gagnant" de l'élection présidentielle. M. Tshisekedi et le président sortant Joseph Kabila ont donc "intérêt" à se rencontrer, "pour préparer la passation pacifique et civilisée du pouvoir", a-t-il ajouté.

Rumeurs de négociations

M. Tshisekedi avait lui-même estimé que le président Kabila pourrait "vivre tranquillement dans son pays, vaquer à ses occupations" s'il quittait le pouvoir. 
"Un jour nous devrons même songer à lui rendre hommage pour avoir accepté de se retirer. Pourquoi, compte tenu de son expérience, ne pas lui confier des tâches diplomatiques spéciales, faire de lui un ambassadeur extraordinaire du Congo ?", avait-il dit au journal belge Le Soir.

Cet entretien avait relancé la machine à rumeurs sur de possibles négociations entre l'UDPS et le pouvoir pour faire barrage à l'autre candidat de l'opposition, Martin Fayulu.

Très confiant en sa victoire, M. Fayulu est soutenu par l'ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, considéré comme un "Judas" par le président Kabila, et l'ex-chef de guerre et ex-vice-président, Jean-Pierre Bemba.

Mardi, un porte-parole de la Majorité pro-Kabila, Alain Atundu, a eu des mots très durs envers la coalition politique Lamuka formée autour de M. Fayulu, sans jamais attaqué Félix Tshisekedi.

Au pouvoir depuis 18 ans, le président Kabila a renoncé a briguer un troisième mandat, interdit par la Constitution. Des élections législatives et provinciales ont également eu lieu le 30 décembre.