Fil d'Ariane
Dans le quartier Mokali, une école, où se tient une formation des agents de la commission électorale independante, la Céni. Visiblement les journalistes de TV5Monde ne sont dans un premier temps pas les bienvenus. Après une vingtaine de minutes, le superviseur donne finalement l'autorisation de filmer.
A l'intérieur, les futurs assesseurs, secrétaires ou présidents de bureau, sont concentrés. "Vous devez prendre ça au sérieux, bien que nous courrons derrière la montre" dit le formateur. "Vous devez faire un effort pour vous adapter au plus vite".
Sur la question de la transmission des résultats, certains ont bien assimilé la leçon. "Ca va être manuel ou par wifi?" demande notre journaliste "Non, non c'est manuel", répond un agent en formation.
C'est un sujet sensible, le superviseur reprend la main : "L'envoi des résultats, la compilation, sera manuel. Le vote sera manuel. La machine à voter, c'est une machine à imprimer", explique-t-il.
Pas de transmission électronique donc. Des agents en formation ont tenu à donner à nos journalistes une toute autre une autre version. Ils préfèrent rester anonyme.
-Agent 1 : "A la formation, ils nous ont dit que les résultats seront transmis électroniquement."
Notre journaliste : "C'est ce qu'ils vous ont dit ?"
-Agent 2 : "Oui, parce que nous allons d'abord envoyer les données vers le serveur central. Et nous allons rester par la suite pour compter les bulletins manuellement. Pendant que nous seront en train de compter les bulletins. Le serveur central aura déjà les résultats des bureaux de vote. Ils pourront donc faire des manigances là dessus.
A savoir : les machines à voter sont équipées d’une carte sim et d’un port internet, qui permettent de transmettre électroniquement les résultats, et ce sans aucun contrôle possible des observateurs indépendants.
Luc Lutala, chargé de communication de la Symcel (Missions d'observation citoyenne), explique : "S'il y a transmission électronique depuis le bureau de vote, on entre en plein dans le vote électronique premièrement. Si on est dans un moment, tout le système d'observation et surveillance sera complètement battu, à plat, parce que à partir de ce moment là, le mode de transmission et le centre de compilation qui doivent recevoir ses votes électroniques ne sont pas observées."
À la Céni, le rapporteur adjoint, Onésime Kukatula Falash reçoit l'équipe de TV5MONDE. Difficile d’obtenir une réponse claire et définitive.
-Notre journaliste "Jusqu'à présent la Céni a toujours dit qu'il n'y aurait pas de transmission électronique depuis le centre de vote?"
-O. Kukatula Falash : "Non non, la Céni n'a jamais dit ça. La Céni dit... mais s'il y a des équipements de transmission, c'est bien pour transmettre justement!"
Une personne vient l’interrompre. A son retour, il n’est plus question de transmission électronique des résultats.
-Notre journaliste : "Donc il n'y aura pas de transmission Internet depuis le centre de vote? "
-O. Kukatula Falash "Non depuis le centre de vote? Non!"
L'équipe de TV5MONDE se rend dans un autre centre de formation. Et là aussi les futurs agents de la Céni sont formels. Anaclé Kabwissi, chef de bureau de vote témoigne : "Le technicien nous a dit pendant la formation que c'est lui qui est censé envoyer les résultats par Internet." Notre journaliste lui demande "Vous confirmez tous?". "Oui oui, c'est ce qu'ils nous ont dit" confirment les personnes présentes.
Après leur départ, les équipes de TV5MONDE ont reçu un appel du superviseur de ce centre de formation. Il a menacé de renvoyer tous les agents qui ont accepté de parler.
À voir : l'interview de Sonia Rolley, journaliste à RFI, ex-correspondante en RDC :
>> Réactions du président de la Céni, de l'opposition et de la majorité présidentielle