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Présidentielle en RDC : Pour Vital Kamerhe, "il y a de quoi rendre hommage au président Joseph Kabila"

Au lendemain de la proclamation des résultats provisoires par la Céni, Vital Kamerhe, président de l’Union pour la nation congolaise et directeur de campagne de Félix Tshisekedi, répond à nos questions par téléphone depuis Kinshasa. Il réagit au communiqué de la Cenco qui conteste les résultats provisoires de la présidentielle, appelle de ses vœux un Congo réconcilié et indique souhaiter "rouvrir le signal de RFI".

TV5MONDE : La Conférence Épiscopale Nationale du Congo (Cenco) affirme que les résultats provisoires communiqués par la Commission Électorale Nationale Indépendante (la Céni) dans la nuit du 9 au 10 janvier 2019 ne  correspondent pas aux données qu’elle a collectées. Quelle est votre réaction ?
Vital Kamerhe : Nous avons confronté nos résultats avec la Cenco hier (ndlr mercredi 9 janvier) entre 14 et 17 heures. Ils étaient conformes. La Cenco nous a d’ailleurs félicités. Nous, l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) et l’UNC (Union pour la nation congolaise), avons couvert 70% des bureaux de vote. Nous sommes repartis bredouilles, sans aucun document de la Cenco, mais nous avons laissé une clé USB et un document physique à  la Cenco.
J’ai remis ce même document à l’Union africaine, à l’ambassadeur de France en RDC, ainsi qu’aux ambassades des États-Unis et du Royaume-Uni, avec la mission de le distribuer aux autres ambassades.
Nous pouvons vous envoyer, à TV5MONDE, les résultats compilés, avec tous les détails. Cela fait 164 pages.

L’Église devrait dire qu'elle prend acte des données dont elle dispose, quelles qu’elles soient, au lieu d’attiser le feu.

Vital Kamerhe, directeur de campagne de Félix Tshisekedi

Qu’attendez-vous de la Conférence des évêques, la Cenco, aujourd’hui ?
Vital Kamerhe : Que la Cenco laisse la politique aux politiciens et qu’elle veille, seulement, à la paix sociale. À partir du moment où les politiques se sont livrés bataille dans les urnes, et que le peuple congolais est en paix, je crois que l’Église devrait dire qu'elle prend acte des données dont elle dispose, quelles qu’elles soient, au lieu d’attiser le feu. Voici la réalité : le peuple congolais est heureux, et c’est un opposant qui succède à Joseph Kabila.
Préservons la paix, et gouvernons ensemble notre pays. Voici la vision du président Félix Tshisekedi. Il veut un Congo réconcilié avec lui-même. C’est un grand jour qui marque une rupture ; pour la première fois depuis l’indépendance, un président sortant va finalement serrer la main au président entrant. Je pèse mes mots et le dis sincèrement : je crois qu’il y a de quoi rendre hommage au président Joseph Kabila.

 

Que répondez-vous à ces rumeurs d’"accord" passé avec le président Joseph Kabila ?

Vital Kamerhe : Pourquoi, quand on gagne une élection en Afrique, cela ne peut être qu’avec la complicité du pouvoir ? Personnellement, cela me dépasse.
En Afrique du Sud, il y a certes eu une alternance mais au sein d’un parti, l’ANC. En RDC, Joseph Kabila est du Front Commun pour le Congo (FCC, parti au pouvoir). Il laisse faire le jeu démocratique, et c’est le candidat du Cap pour le Changement (CACH), de l’opposition, qui vient de remporter les élections (ndlr : d’après les résultats provisoires).
Avant la proclamation de ces résultats provisoires, dans notre propre compilation, Félix Tshisekedi arrivait déjà en tête. C’est peut-être pourquoi les gens disent que nous avons un deal avec le pouvoir.

Comment ce monsieur, Martin Fayulu, peut-il prétendre être le président de tous les Congolais ?

Vital Kamerhe, directeur de campagne de Félix Tshisekedi


Le candidat à la présidentielle, de la coalition Lamuka, Martin Fayulu, dénonce un "putsch électoral".
Vital Kamerhe : La coalition de Martin Fayulu n’a aucun député provincial. Ce sont des indications très claires. Comment ce monsieur peut-il prétendre être le président de tous les Congolais ? Jusqu’à présent, la Cenco n’a pas dit que Martin Fayulu avait gagné. Que la Cenco ait le courage de communiquer ses données.

 

Seriez-vous prêt à travailler avec Martin Fayulu ?
Vital Kamerhe : Absolument. Martin Fayulu est compétent. Nous avons besoin de lui, tout comme de Jean-Pierre Bemba, de Moïse Katumbi, et d’Emmanuel Ramazani Shadary. Nous prônons la réconciliation nationale. Le pays en a besoin.

L’Afrique doit s’émanciper et retrouver sa dignité.

Vital Kamerhe, directeur de campagne de Félix Tshisekedi


Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a déclaré que les résultats provisoires de la Céni n’étaient "pas conformes". Qu’en pensez-vous ?
Vital Kamerhe : Aujourd’hui, les Congolais sont contents. Dites-moi comment le ministre français des Affaires étrangères, tout en étant au Quai d’Orsay, peut dire que ce qui a été dit à Kinshasa n’est pas vrai ? Et si notre ministre des Affaires étrangères disait qu’Emmanuel Macron n’avait pas été élu, allez-vous trouver cela normal ? L’Afrique doit s’émanciper et retrouver sa dignité. Nous allons œuvrer pour cela tout en respectant la coopération gagnant-gagnant avec l’Europe, les États-Unis, et l’Asie. Voici l’Afrique que nous voulons.

Si la Cour constitutionnelle confirme Félix Tshisekedi comme président, nous allons rouvrir le signal de Radio France internationale.

Vital Kamerhe, directeur de campagne de Félix Tshisekedi


Quel est votre avis sur la situation de Radio France internationale (RFI) en République Démocratique du Congo ? (Le signal de RFI a été coupé en RDC après l'élection présidentielle et sa correspondante, Florence Morice, s'est vue retirer son accréditation.)
Vital Kamerhe : Je vous le dis : si la Cour constitutionnelle confirme Félix Tshisekedi comme président, nous allons rouvrir Radio France internationale. Nous allons laisser les médias s’exprimer librement. Si les ministres du gouvernement Kabila peuvent le faire avant nous, ce serait une très bonne chose.
Je suis témoin pour dire que Florence Morice n’était pas à la conférence qui a conduit à la fermeture du signal de RFI à Kinshasa. C’était une erreur. Peut-être a-t-elle été punie pour des fautes antérieures. Mais pour cette conférence-là, il n’y a pas eu de preuves que Florence Morice méritait le traitement qu’on lui a infligé.


La prestation de serment du président élu est prévue le 18 janvier. Confirmez-vous que cette date est maintenue ?
Vital Kamerhe : La Cour Constitutionnelle indique qu’il faut dix jours entre la proclamation des résultats et l’investiture. Je vois donc mal comment le président élu prêterait serment le 18 janvier. Il faudrait donc bousculer le calendrier.


Quel est votre sentiment aujourd’hui ?
Vital Kamerhe : Je suis un homme heureux. Déjà en 2006, j’étais directeur de campagne de Joseph Kabila, il avait gagné. Aujourd’hui, j’ai été directeur de campagne du président entrant, il a gagné. Je suis heureux d’avoir été au service de mon peuple.


Le président Joseph Kabila vous a-t-il félicité, vous ou Félix Tshisekedi, après la proclamation des résultats provisoires de la Céni ?
Vital Kamerhe : Non, pas encore.