Présidentielle en RDC : Réactions après l'appel de l'UA à suspendre la proclamation des résultats définitifs

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(commentaire : Maëva Defroyenne @TV5MONDE)
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RDC suspensions UA
(AP Photo/Jerome Delay)
Impression des bulletins de vote par les agents de la CENI le 23 décembre 2018 au siège à Kinshasa.
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L'Union africaine a appelé à suspendre le processus de proclamation des résultats définitifs des élections du 30 décembre 2018 en République démocratique du Congo en raison de "doutes sérieux" sur la conformité des résultats annoncés le 10 janvier dernier par la CENI. Une décision sans précédent de l'UA qui a provoqué la colère du gouvernement congolais et du vainqueur proclamé et contesté, Félix Tshisekedi. Une délégation de "haut niveau" de l'Union africaine est attendue ce lundi à Kinshasa.  
 
L'Union africaine a mis la  pression sur la République démocratique du Congo en demandant jeudi soir la "suspension" de la proclamation des résultats électoraux définitifs ainsi que l'envoi d'une délégation de "haut niveau" à Kinshasa, composée du président de la Commission de l'UA, le Tchadien Moussa Faki, et du président en exercice de l'UA, le chef de l'Etat rwandais Paul Kagame. La délégation doit se rendre lundi pour une journée à Kinshasa.

 
  • Une demande "surprenante" de l'UA ? Analyse d'Anthony Fouchard, envoyé spécial TV5MONDE : 
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Une position qui a tout de suite fait réagir. "L'Union africaine n'a pas à dicter sa conduite à la Cour constitutionnelle en République démocratique du Congo" a déclaré vendredi le porte-parole du gouvernement Lambert Mende. "La Cour est indépendante, et de nous et de l'Union africaine", a-t-il ajouté, "je ne pense pas qu'il appartienne au gouvernement ou même à l'Union africaine de dire à la Cour ce qu'elle doit faire".
 

Je ne pense pas qu'il appartienne au gouvernement ou même à l'Union africaine de dire à la Cour ce qu'elle doit faire
Lambert Mende - porte-parole du gouvernement congolais.

"Je ne sais pas s'il y a des pays où on peut interférer comme ça dans une procédure légale", a ajouté Lambert Mende, également ministre de la Communication et des Médias. 

Quant à Augustin Kabuya, le Secrétaire Général adjoint de l'UDPS (formation politique à laquelle appartient Félix Tshisekedi qui remporté les élections selon les résultats de la Céni), il s'est exprimé sur notre antenne et a déclaré : "nous allons retourner dans la rue pour que les gens nous respectent" : 
 

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Réunis sur le dossier congolais jeudi à Addis Abeba, plusieurs chefs d'Etats et de gouvernements africains ont conclu "qu'il y avait des doutes sérieux sur la conformité des résultats provisoires, tels qu'ils ont été proclamés par la Commission électorale nationale indépendante (Céni)". Une déclaration reprise par Martin Fayulu sur son compte twitter.  Le candidat de l'opposition arrivé deuxième selon la Céni, et possible vainqueur selon une enquête réalisée entre-autres par TV5MONDE, "apprécie" et propose de recompter les voix. 


Le candidat à la présidentielle de la coalition Lamuka "Se réveiller" a par ailleurs prononcé des mots d'apaisement : "Je vous demande de ne pas céder à la provocation" a-t-il déclaré ce vendredi :
 

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  • Faut-il un recomptage ? : "Ce qui rassure, c'est la traçabilité" répond Gérard Gérold, expert électoral :
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Selon les résultats proclamés par la Céni le 10 janvier, l'opposant Félix Tshisekedi a remporté l'élection présidentielle, tandis que le chef de l'Etat sortant Joseph Kabila garderait une confortable majorité à l'Assemblée nationale (au moins 350 députés sur 500).

L'autre opposant Martin Fayulu revendique la victoire avec 61% des voix et a saisi la Cour constitutionnelle qui doit proclamer les résultats définitifs d'ici mardi 22 janvier, date de la prestation de serment du nouveau président.

"En conséquence, les chefs d'Etat et de gouvernement demandent la suspension de la proclamation des résultats définitifs des élections", écrit l'UA. 

"Les chefs d'Etat et de gouvernement ont convenu d'envoyer en urgence en RDC une délégation de haut-niveau comprenant le président de l'Union africaine (ndr: actuellement le président rwandais Paul Kagame) ainsi que d'autres chefs d'Etat et de gouvernement, et le président de la Commission de l'Union africaine" est ajouté au communiqué de l'UA.

Cette délégation devra entrer en contact "avec toutes les parties prenantes congolaises, dans le but de trouver un consensus sur une issue à la crise post-électorale dans le pays".

Les pays africains réunis jeudi au siège de l'UA "demandent à tous les acteurs concernés en RDC d'interagir positivement avec la délégation africaine de haut-niveau, dans l'intérêt de leur pays et de leur peuple".

"Pour parler franchement"

La réunion a rassemblé jeudi Paul Kagame, président en exercice de l'UA, le président de la Commission Moussa Faki Mahamat, ainsi que plusieurs chefs d'Etat (Afrique du Sud, Zambie, Namibie, Ouganda, Rwanda, Congo, Guinée, Éthiopie et Tchad).

"Pour parler franchement, de sérieux doutes sur la conformité des résultats proclamés persistent", avait déclaré le président de la Commission de l'UA dans un discours préliminaire.

Ce dernier communiqué de l'UA montre un changement de ton par rapport à une précédente prise de position de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC).

Cet ensemble sous-régional s'était contentée d'appeler les acteurs politiques congolais "à obtenir des réponses à leurs doléances électorales dans le respect de la Constitution (congolaise) et des lois électorales concernées", sans parler d'un recomptage des voix un temps envisagé.

Calendrier électoral encore modifié

Quoiqu'il en soit : l'initiative de l'UA risque de modifier encore une fois le calendrier électoral congolais, après la proclamation de la victoire de l'opposant Félix Tshisekedi et les contestations de l'autre opposant Martin Fayulu.

La prestation de serment du nouveau président de la République est prévue mardi d'après le dernier calendrier de la Commission électorale.

D'ici là, la Cour constitutionnelle doit statuer sur le recours de Martin Fayulu et d'un candidat mineur, et proclamer les résultats définitifs - une annonce qui était attendue pour vendredi ou samedi.
 
  • Quelles options pour la Cour constitutionnelle ? Le point avec notre envoyé spécial Anthony Fouchard :
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