Fil d'Ariane
Tunis était en liesse après le raz de marée annoncé pour Kais Saied au second tour de la présidentielle de ce dimanche 13 octobre 2019. Le juriste conservateur arriverait avec plus de 40 points d'avance sur son rival, l'homme d'affaires sorti de prison, Nabil Karoui. Selon les sondages sortie des urnes, il obtiendrait entre 72% et 76% des voix dont quelque 90% en provenance des jeunes de 18 à 25 ans.
Des milliers de Tunisiens, dont beaucoup de jeunes, se sont élancés dans les rues à l'annonce des premiers sondages révélant une large victoire de l'universitaire conservateur Kais Saied.
A Tunis, l'avenue Bourguiba, principale avenue du centre de la capitale, a rapidement vu déferler une foule klaxonnant, lançant des youyous et chantant l'hymne national.
Alors que les résultats définitifs ne sont pas encore publiés (ils devraient l'être ce lundi), Kais Saied est donné comme le deuxième président élu au suffrage universel de cette jeune démocratie.
Le juriste serait arrivé avec 40 points d'avance sur son rival Nabil Karoui, un homme d'affaires sorti de prison à l'occasion du second tour.
Kais Saied a obtenu 72,5% selon l'institut Emrhod et 76,9% selon l'institut Sigma. Un dernier chiffre repris par la télévision nationale tunisienne hier soir :
Les bureaux de vote ont fermé à 18h heure de Tunis, comme dans ce bureau de vote situé rue de Marseille à Tunis. L'heure est désormais au dépouillement.
Nabil Karoui a voté ce dimanche, entouré d'une nuée de caméras, tout comme Kais Saied.
L'homme d'affaires et candidat à la présidentielle, Nabil Karoui, a déclaré à la presse ce dimanche, dont l'AFP : "J'aimerais demander à tous les Tunisiens de sortir voter pour pouvoir corriger et combattre les opérations de tromperie qui ont eu lieu pendant l'élection présidentielle au premier et second tour (ndlr : la précédente élection en 2014). [...] Ils ont trompé nos votes, parce qu'il n'y avait pas d'égalité des chances. Aujourd'hui nous avons l'opportunité".
Universitaire et expert en droit, Kais Saied avait obtenu 18,4% des voix au premier tour de la présidentielle le 15 septembre, et son opposant Nabil Karoui, alors en prison, 15,5%.
Moins d'une heure avant la fermeture des bureaux, la jeunesse tunisienne "se précipite" pour voter, constate notre correspondante en Tunisie dans ce bureau au Bardo :
Pour le second tour de la présidentielle, le taux de participation s'élève à 39,2% à 15h30, indique l'ISIE, l'Instance Supérieure Indépendante pour les Élections.
A 11h45, la participation s'élevait à 17,8%. C'est plus qu'au premier tour : le 15 septembre, elle avait atteint 16,3% à 13h, pour finir à 49% en fin de journée, selon l'ISIE.
Les électeurs tunisiens n'ont été que 41,3% pour les législatives du 6 octobre.
Lors du second tour de la présidentielle de 2014, le taux de participation avait atteint 60,1% des inscrits. En cinq ans, le nombre d'inscrits sur les listes électorales a considérablement augmenté, atteignant les 7 millions après les campagnes de l'ISIE.
Aissa Sarhane est un cadre bancaire à la retraite. Pour lui, "tout est bien organisé". Quant au choix du candidat, Aissa Sarhane assure avoir "bien réfléchi" et "voté en pleine conscience et connaissance du candidat qu'[il a] choisi".
Mouhamed Moncef est journalier. "Je veux la paix et la justice sociale", assure-t-il à Mabrouka Khedir. "Je veux des politiques qui nous baissent les prix."
Zahira Abdelkefi a 60 ans. Elle travaille comme cheffe de cabine pour une compagnie aérienne. Elle attend du prochain président "qu'il écoute les jeunes". "On est dans un gouffre," assène-t-elle.
Ce second tour de la présidentielle intervient une semaine après les élections législatives, remportées par Ennahdha. Le parti d'inspiration islamiste obtient 52 sièges sur 217. Il est très loin de la majorité requise de 109 voix pour former un gouvernement seul.