Présidentielle à Madagascar : six candidats d'opposition appellent à boycotter l'élection

À trois jours de la présidentielle à Madagascar, ce 13 novembre, six candidats influents de l'opposition, dont deux anciens présidents, ont déclaré à l'AFP qu'ils ne participeront pas au scrutin et appelleront les Malgaches à ne pas se rendre aux urnes.

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Le président Andry Nirina Rajoelina, lors du Sommet de la nouvelle finance globale à Paris le 23 juin 2023.

Le président Andry Nirina Rajoelina, lors du Sommet de la nouvelle finance globale à Paris le 23 juin 2023.

© AP Photo/Lewis Joly, Pool
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La grande île de l'océan Indien est secouée depuis plusieurs mois par une bataille à couteaux tirés entre le président sortant, Andry Rajoelina, 49 ans, et ses rivaux. Réunis en collectif, dix candidats de l'opposition dénoncent une machination visant à assurer un second mandat à Rajoelina et ont refusé jusqu'ici de faire campagne.

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Les manifestations de l'opposition se sont multipliées depuis début octobre dans la capitale Antananarivo. Ces rassemblements, régulièrement dispersés au gaz lacrymogène par les forces de l'ordre, n'ont réuni généralement que quelques centaines de soutiens.

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"Je ne me présenterai pas au scrutin, c'est très clair", a affirmé l'ancien président malgache Hery Rajaonarimampianina, 65 ans, au cours d'un entretien.

Même son de cloche du côté de Marc Ravalomanana, 73 ans, également ancien président et une nouvelle fois prétendant à la fonction suprême: "Nous appellerons à ne pas aller voter" le 16 novembre.

La crise a été déclenchée par la révélation en juin de la double nationalité malgache et française de Rajoelina. Selon l'opposition, le chef d'Etat sortant a perdu sa nationalité malgache en demandant à devenir français en 2014, et ne pouvait dès lors plus gouverner, encore moins se présenter à une nouvelle élection.

Suspension du scrutin

Trois recours de l'opposition réclamant l'invalidation de la candidature de Rajoelina ont été rejetés en septembre par la Haute cour constitutionnelle (HCC), plus haute juridiction du pays. Le collectif a dénoncé "un coup d'État institutionnel" et réclame désormais la suspension du processus électoral et un report du scrutin.

Cette demande a été soutenue la semaine dernière par la présidente de l'Assemblée nationale, Christine Razanamahasoa, qui mène une tentative de médiation entre les deux camps depuis plusieurs semaines, sans résultat concret à ce stade.

Premier report

La présidentielle, initialement prévue le 9 novembre, avait déjà été reportée d'une semaine le mois dernier, à la suite de la blessure d'un candidat lors d'une manifestation de l'opposition. La HCC avait imposé un délai pour assurer une "égalité de chance des candidats". Les États-Unis et l'Union européenne ont exprimé leur "préoccupation" et dénoncé un usage disproportionné de la force.

Le camp Rajoelina a rejeté l'idée d'une suspension de l'élection, la jugeant "farfelue". Et le président sortant a tenu dimanche son dernier meeting de campagne à Antananarivo devant une foule fervente de plusieurs milliers de personnes vêtues de t-shirts à son effigie.

Participants rémunérés

Ce soutien "ne signifie rien", estime Roland Ratsiraka, 57 ans, autre candidat de l'opposition. Evoquant des pratiques douteuses du pouvoir comme la rétribution de participants aux meetings, il ajoute que Rajoelina "se ment à lui-même et il le sait".

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Andry Rajoelina avait accédé au pouvoir en 2009 à la faveur d'une mutinerie chassant Marc Ravalomanana. Sous pression de la communauté internationale, il avait renoncé à se présenter en 2013 mais avait été élu en 2018.
"Je vais gagner, c'est sûr, et au premier tour", a-t-il assuré lors d'un entretien à l'AFP le 12 novembre, de retour d'un énième déplacement de campagne en avion privé.

"Il veut faire le forcing mais nous ne l'accepterons jamais", a martelé Marc Ravalomanana.

L'élection de jeudi "n'aura pas lieu", a renchéri le candidat Hajo Andrianainarivelo, 56 ans.