A La Haye, ses codétenus le disent calme. Il passerait des heures plongé dans la Bible ou s'entretenant avec un "conseiller spirituel". Nous sommes bien loin du chef de guerre flambeur et arrogant que fût Charles Taylor. A 64 ans, l'homme a passé sa vie à franchir la ligne jaune. A la fin des années 70, tout juste entré dans la fonction publique libérienne, sa propension à taper dans la caisse lui vaut le surnom de "superglue". Accusé du détournement de 900 000 Dollars, il fuit aux Etats-Unis, un pays qu'il connaît pour y avoir étudié l'économie dans le Massachusetts. Emprisonné, il s'enfuit et retrouve le continent africain. Côte d'Ivoire puis Libye où il passe par des camps d'entraînement.
En 1997, quatre ans après la signature de l'accord de paix de Cotonou, Charles Taylor est élu président du Liberia.
1999, à son tour de faire face à une rébellion : ce sera le LURD, soutenu par la Sierra Leone voisine, pays où au cours de la décennie 90, Taylor a ,lui aussi, encouragé un mouvement rebelle, le RUF de Foday Sankoh. Cette guerre durera quatre années et s'achèvera par l'épouvantable siège de Monrovia entre juin et août 2003 lorsque, sous la pression, Charles Taylor accepte d'abandonner le pouvoir. Il quitte alors son pays direction le Nigeria pour un exil doré jusqu'à son arrestation en mars 2006.