Procès de Khaled Drareni en Algérie : "Je ne suis pas un criminel, je n'ai fait que mon métier"

"Je ne suis pas un criminel. Je n'ai fait que mon métier" : le journaliste algérien Khaled Drareni, condamné à trois ans de prison ferme, a rejeté les accusations portées contre lui lors de son procès en appel mardi 8 septembre à Alger. Le verdict devrait être rendu le 15 septembre.
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Khaled Drareni libéré V de Victoire
Le journaliste Khaled Drareni après être sorti de prison. Kolea, Algérie, 19 février 2021.
© Reuters/Ramzi Boudina
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"Je suis un journaliste et non un criminel. Le journalisme que je pratique ne menace pas la sécurité du pays mais le protège", a plaidé, à l'issue de l'audience mardi 8 septembre Khaled Drareni. Le journaliste est devenu un symbole du combat pour la liberté de la presse en Algérie et est soutenu par une forte mobilisation pour sa libération. 


Voir aussi : En Algérie et en Tunisie, mobilisation pour le journaliste Khaled Drareni  
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Abdelghani Badi, l'un de ses avocats, a expliqué à l'AFP que "la Cour rendra sa décision le 15 septembre", à la fin des plaidoiries, pendant lesquelles une trentaine d'avocats ont pris la parole. "Le procès s'est déroulé dans de bonnes conditions, sans querelles ni tensions. Il a donné l'impression qu'il pourrait conduire à un procès équitable s'il se conclut par une décision équitable", toujours selon Maître Badi. 

Khaled Drareni, 40 ans, a été condamné le 10 août à trois ans d'emprisonnement et à une amende de 50.000 dinars (330 euros) pour "incitation à attroupement non armé" et "atteinte à l'unité nationale". Un verdict d'une sévérité sans précédent qui a surpris et indigné ses confrères.

Comme en première instance, le procureur a réclamé mardi une peine de quatre ans de prison ferme et une lourde amende à l'encontre du directeur du site d'information Casbah Tribune, qui est le correspondant en Algérie pour la chaîne francophone TV5MONDE et pour Reporters Sans Frontières (RSF).
 Khaled Drareni avait été arrêté à Alger le 7 mars alors qu'il couvrait une manifestation du Hirak, le soulèvement populaire qui a secoué l'Algérie pendant plus d'un an jusqu'à sa suspension il y a quelques mois en raison de la pandémie de nouveau coronavirus.

Le journaliste est aussi accusé d'avoir critiqué sur Facebook le système politique et publié le communiqué d'une coalition de partis politiques en faveur d'une grève générale, selon RSF.

"Depuis le premier jour, je n'ai fait que mon métier de journaliste. Je suis là parce que j'ai couvert le Hirak en toute indépendance", s'est-il défendu lors de l'audience, selon un des rares journalistes autorisés à pénétrer au tribunal. "On peut revoir toutes mes interventions pour voir s'il y a une atteinte à l'unité nationale. Je relatais les faits", a-t-il assuré.

Voir aussi : Khaled Drareni, un regard exigeant sur l'Algérie
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 RSF a dénoncé "la volonté manifeste des autorités de limiter la couverture médiatique du très symbolique procès en imposant, sans préavis, de nouvelles restrictions d'accès aux journalistes".

Incarcéré depuis le 29 mars au centre pénitentiaire de Koléa près d'Alger, M. Drareni avait été accueilli à son arrivée au tribunal par une petite foule de sympathisants, journalistes et militants, scandant "Khaled Drareni est un journaliste libre!"

Deux co-inculpés, Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche, figures du "Hirak", étaient aussi présents à l'audience. Le procureur a également requis quatre ans de prison ferme contre eux.
Ils avaient écopé chacun de deux ans de prison, dont quatre mois ferme, mais se présentaient libres devant le tribunal, après avoir purgé leur peine.
                                   
Depuis sa condamnation, les appels à libérer Khaled Drareni se sont multipliés.
"Le pouvoir algérien a voulu faire un exemple pour intimider tous les journalistes en Algérie" mais "il en a fait un symbole de défense de la liberté de la presse", a commenté le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. L'ONU, l'Union européenne et l'Union africaine ont aussi exprimé leur "préoccupation" au sujet de l'affaire Drareni.

Son procès en appel s'est déroulé dans un climat délétère de répression à l'encontre des médias indépendants, des militants du "Hirak" et des opposants politiques.
Quelque 45 personnes sont emprisonnées pour des faits liés au "Hirak", selon le Comité national de libération des détenus (CNLD). Des journalistes ont été accusés par le régime de semer la "subversion" et d'être à la solde de "parties étrangères". Plusieurs sont en prison.