Quatre pionnières africaines de l'émancipation des femmes

Mariama Bâ, Cheikha Remitti, Julienne Lusenge, Aoua Keïta.... Qui sont ces pionnières africaines des droits des femmes sur le continent ?

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Quatre femmes

De gauche, à droite : Mariama Bâ, Cheikha Remitti, Aoua Keïta et Julienne Lusenge.

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Mariama Bâ, écrivaine sénégalaise (1929-1981)

Mariama Bâ

Mariama Bâ est l'autrice de "Une si longue lettre."

La femme de lettre est surtout connue pour son premier roman, "Une si longue lettre", publié pour la première fois en 1979. C'est un roman écrit sous formes de lettre d'une femme, Ramatouyale Fall. 

Celle-ci raconte à son ami de longue date son veuvage et sa vie de femme et de mère. Ce roman revient sur le statut des femmes au Sénégal et plus largement en Afrique de l'Ouest. Le livre aborde des thèmes importants tels que : l'amitié, l'amour, la famille et les relations homme et femme dans la société sénégalaise. Il parle de la polygamie et de l'exploitation des femmes dans la vie quotidienne. Ce roman est perçu comme un livre fondateur du féminisme en Afrique de l'Ouest francophone.

Une si longue lettre

Aoua Keïta ( 1912-1980), sage femme, députée malienne et militante des droits des femmes

Aoua Kéita

Aoua Keïta a été une grande militante des droits des femmes au Mali. (Domaine public)

Née à Bamako en 1912, elle est considérée comme une figure marquante de l'indépendantisme, du syndicalisme et du féminisme au Mali. Son père est un ancien combattant des forces françaises coloniales. Elle devient sage-femme et milite dès 1946 pour l'indépendance du Mali. 

Elle est élue députée de la Fédération du Mali, peu de temps après l'indépendance et soutient le président Modibo Keïta (1960-1968). Elle est surtout la seule femme politique à participer à l'élaboration du Code malien du mariage et de la tutelle. Le texte introduit rend le consentement au mariage obligatoire. Le Code fut à l'époque perçu comme une grande avancée pour les droits des femmes. La carrière politique de Aoua Keïta prend fin avec le coup d’État militaire de Moussa Traoré en 1968. 

Cheikha Remitti (1923-2006), la diva du Raï

Cheikha Remitti

Cheikha Remitti ou la "mamie du Raï". (DR).

Cheikha Remitti est née en 1923 à Tessala, près de Sidi-Bel-Abbès dans l'Algérie coloniale française. Sa voix est remarquée lors des fêtes du marabout Sidi Abed dans la fin des années 40. Elle chante dans des bistrots de campagne, les cantinas. Elle enregistre son premier 78 tours en 1952. 

Cheikha Rimitti fut une des premières femmes à chanter sur fond de flûte gasba et de tambours. Elle a ajouté le langage cru et le style rugueux, qui initient les adolescentes aux joies et aux pièges de l'amour en chantant pour des assemblées exclusivement féminines. Son premier succès, Charrak Gattà (« déchire, lacère ») est une charge explosive contre le tabou de la virginité. Elle milite pour les droits des femmes algériennes dans la nouvelle Algérie indépendante. 

Dans les années 90 et 2000  surnommée la mamie du Raï , elle devient une icône de la "World Music". Elle meurt en 2006 à Paris.

Julienne Lusenge, militante des droits des femmes en RDC (1958)

Julienne Lusenge

Julienne Lusenge en 2023 en RDC.

Julienne Lusengee, née en 1958 et originaire de l'Est de la RDC, est une militante connue pour son engagement envers les femmes victimes de violences sexuelles dans le Nord-Kivu. Elle dirige le Fonds pour les Femmes congolaises (FFC) et l'association Solidarités des femmes pour la paix et le développement intégral (Sofepadi). Elle dénonce l'usage du viol comme "arme de guerre". Son association prodigue des soins pour les victimes de viol dans la clinique Karibuni Wamama, fondée à 2010 à Bunia dans le Nord-Kivu.