Fil d'Ariane
Dans son programme économique, le nouveau président du Sénégal Bassirou Diomaye Faye veut renégocier les accords de pêche entre l'Union européenne et la République du Sénégal. La pêche artisanale sénégalaise est confrontée à une surexploitation des ressources halieutiques. Près de 20% de la population active du pays vit directement ou indirectement de la pêche.
Carte des eaux territoriales du Sénégal en rouge. En hachuré la zone que se partage la Guinée-Bissau et le Sénégal.
C'est en 1979 que l'Union européenne (alors à l'époque la CEE, la Communauté économique européenne) conclut son premier accord bilatéral avec le Sénégal alors sous la présidence de Leopold Sedar Senghor (1960-1980). Cet accord permet aux navires de l'Union européenne de pêcher dans les eaux territoriales exclusives du pays et d'accéder à une grande variété de ressources halieutiques. En échange l'Europe s'engage à aider le Sénégal financièrement pour développer ses infrastructures portuaires et son secteur de la pêche. Ce premier accord de 1979 sera renouvelé régulièrement jusqu'en 2014. Son contenu sera ensuite fortement amendé à partir de 2014.
En 2014, il a été transformé en accord thonier, avec un volet relatif aux poissons démersaux (merlu noir), conclu pour cinq ans et tacitement reconductible. Il a été en 2020 reconduit jusqu'en 2025.
Le protocole d'accord prévoit des possibilités de pêche pour jusqu'à 28 thoniers congélateurs, 10 canneurs (bateaux utilisant des cannes à pêches) et 5 palangriers (type de filet) d'Espagne, de Portugal et de France, pour un tonnage de référence de 10 000 tonnes de thon par an et 1700 tonnes de merlus noir (pour deux navires espagnols).
Ce type d’accord entre Bruxelles et le Sénégal est l’accès aux ressources contre compensation financière.
Le protocole prévoit, par ailleurs, l’obligation, pour les navires européens d’embarquer des marins sénégalais (50% de l’équipage au moins). L'Union européenne a mis en place des programmes de soutien à a pêche artisanale en Casamance (Sud) et sur la Petite Côte (Centre) dans les années 2000. Aujourd'hui, Bruxelles verse quelque 3 millions d'euros au Sénégal.
Cette compensation de 3 millions d'euros semble faible au regard du poids réel de la pêche dans l'économie sénégalaise. Un peu plus de 600 000 personnes vivent directement ou indirectement de la pêche. Ce chiffre représente un peu plus de 17% de la population active. Le poisson aujourd'hui est l'un des premiers produits d'exportation du pays. Depuis plusieurs années, la surexploitation des ressources halieutiques dans la zone exclusive du Sénégal rend de moins vivable la pêche artisanale. Les pêcheurs sénégalais accusent ces bateaux de venir trop près de leurs côtes et de dilapider les ressources en petits poissons.
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Ces chalutiers récupèreraient dans leur filets des petits poissons comme les sardines ou les anchois qui contribuent à nourrir la population locale. Le nouveau président du Sénégal entend renégocier ces accords de pêche avec l'Union européenne. Le président Faye veut réserver les 12 premiers milles marins, environ 20 kilomètres, depuis le littoral, à la seule pêche artisanale et éloigner la pêche industrielle. Le nouveau pouvoir espère reconstituer les ressources halieutiques. L'accord avec l'Union européenne doit arriver à expiration à la fin de l'année 2025.
Selon la loi sénégalaise et le contenu des accords sur la pêche, seuls les navires sénégalais et un nombre limité de pays européens peuvent pêcher dans les eaux territoriales.
Mais une partie de ces bateaux selon l'ONG Greenpeace Afrique sont en fait exploitées par des armateurs chinois. Cela représenterait 20% des chalutiers exploitant les eaux sénégalaises.
Pékin, pourtant, n'a jamais signé d'accords avec Dakar. Ces bateaux industriels selon l'ONG Greenpeace utilisent des prêtes noms sénégalais pour obtenir des licences de pêche. Ils pratiqueraient une pêche destructrice.
En 2020 Greenpeace Afrique avait identifié quatre bateaux usines chinois dans les eaux sénégalaises.