Fil d'Ariane
"Je jure devant le peuple burkinabè (...) de préserver, de respecter, de faire respecter et de défendre la Constitution, l'acte fondamental et les lois" du Burkina. Par ces mots le Paul-Henri Sandaogi Damiba en prêtant serment devant le Conseil est devenu le nouveau président du Burkina Faso.
Le lieutenant-colonel Damiba, vêtu d'un treillis militaire ceint d'une écharpe aux couleurs du Burkina, la tête coiffée d'un béret rouge est désormais le président du Burkina. Il a promis la mise en place d'une transition politique sans donner de précision sur la durée de cette transition.
Le lieutenant-colonel Damiba, 41 ans, a donc pris le pouvoir le 24 janvier dernier à Ouagadougou après deux jours de mutineries dans plusieurs casernes du pays, renversant le président élu Roch Marc Christian Kaboré. Le président déchu était accusé notamment de pas avoir réussi à contrer la violence jihadiste qui frappe le Burkina depuis près de sept ans. La junte désormais au pouvoir est Il a mis en place une junte appelée Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR).
Le lieutenant-colonel Damiba n'a pas pris position sur l'engagement militaire français et européen dans le Sahel, mais depuis qu'il est au pouvoir, la force française Barkhane a pu mener des opérations anti-djihadistes au Burkina.
Paul-Henri Sandaogo Damiba, lieutenant colonel d'infanterie de l'armée, commandait la troisième région militaire du pays avant la prise du pouvoir le 24 janvier dernier. Il était perçu comme un homme proche de la présidence de Roch Marc Christian Kaboré.
En effet il avait été nommé au poste de commandement de la région militaire chargé d'assurer la sécurité de la capitale. par le président Roch Marc Christian Kaboré. Cette nomination avait eu lieu au lendemain de l'attaque, le 14 novembre 2021, menée par des djihadistes à Inata et ayant entraîné la mort de 57 personnes.
Le commandement de la troisième région militaire lui a offert alors une position stratégique. L'officier est en effet alors chargé d'assurer la sécurité de Ouagadougou, la capitale du pays. Il mène alors des opérations militaires dans le nord et l'est du pays contre les djihadistes.
L'homme se perçoit comme un stratège de la lutte contre le terrorisme. En juin 2021, il a publié un essai intitulé Armées ouest-africaines et terrorisme : Réponses incertaines ? Son constat sur l'état de l'armée face aux djihadistes est alors particulièrement sévère. Il y déplore des armées locales trop faibles, aux "tares rédhibitoires", et des partenaires occidentaux "nécessaires" mais "cachottiers".
Paul-Henri Sandaogo Damiba connait bien l'armée française. Il a été formé en France selon sa maison d'édition, les 3 Colonnes. Il est diplômé de l'École militaire de Paris. En 2017, il fait partie des officiers étrangers diplômés de la 24ème promotion de l’école de Guerre.
Il est titulaire d’un master 2 en sciences criminelles du Conservatoire national des arts et métiers (le CNAM) de Paris où il a suivi les cours du criminologue Alain Bauer.
Paul-Henri Sandaogo Damiba fait faisait parti de l’ex-RSP, le régiment de sécurité présidentielle de Blaise Compaoré, homme fort et autoritaire du Burkina Faso de 1987 à 2014, renversé par un soulèvement démocratique.
L'unité du gradé est alors dissoute par la regime de transition, situation que n'acceptent pas certains officiers. Lui, choisit le camp de la démocratie.
En 2015, Paul-Henri Sandaogo Damiba et d'autres officiers se démarquent en déjouant une tentative de coup d'Etat militaire contre la jeune démocratie burkinabé.
Quelles sont les intentions du lieutenant-colonel Damiba ? Gardera t-il le pouvoir ? Saura t-il rendre le pouvoir aux civils ?
Lundi 14 février, le lieutenant-colonel Damiba s'est rendu dans plusieurs localités du nord du pays à la rencontre des militaires qui se battent au quotidien contre les groupes jihadistes. Cette activisme tranche en tous cas avec son prédécesseur Roch Marc Christian Kaboré, dont la population critiquait l'inefficacité face au terrorisme et qui se déplaçait très rarement dans le pays.