Quelle action au Niger ? Les responsables militaires de la Cédéao se réunissent à Accra

Les responsables militaires de la Cédéao se réunissent à partir de ce jeudi 17 août à Accra au Ghana pour décider de l’action à mener à Niamey trois semaines après le coup d’État. Au cours des dernières heures, plusieurs pays ont appelé à une résolution pacifique de la crise. 

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Manifestation à Niamey

Le 3 août 2023 à Niamey, des partisans de la junte se disent prêts à se battre contre une éventuelle intervention armée ouest-africaine.

AP Photo/Sam Mednick, File
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Faut-il intervenir militairement pour rétablir le président Mohamed Bazoum ? "Nous restons concentrés sur la voie diplomatique pour obtenir (...) le retour à l'ordre constitutionnel, et je crois qu'il continue d'exister une marge pour obtenir ce résultat par la diplomatie". Les mots mardi 15 août au soir du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken illustrent la volonté de certaines chancelleries de donner sa chance au dialogue. 

Plus tôt dans la journée, le président russe Vladimir Poutine et son homologue malien Assimi Goïta, arrivé au pouvoir par un putsch en 2020, avaient souligné lors d'un entretien téléphonique "l'importance de régler la situation" au Niger, "uniquement par des moyens pacifiques politico-diplomatiques". 

Le Mali, pays voisin du Niger, avait très rapidement affiché sa solidarité avec les militaires au pouvoir à Niamey.  

"Processus de transition" 

Le nouveau régime nigérien cherche aussi des alliés dans la région. 

Mardi 15 août, le nouveau Premier ministre nommé par les militaires à Niamey, Ali Mahaman Lamine Zeine, s'est rendu pour une "visite de travail" à N'Djamena où il a été reçu par le président de transition tchadien Mahamat Idriss Deby Itno. 

Exprimant sa "fraternité", au nom du nouvel homme fort de Niamey, le général Abdourahamane Tiani, il a souhaité "renouveler le sentiment de bon voisinage" entre les deux pays, insistant toutefois sur "l'indépendance" du Niger. 

Pour la première fois, il a indiqué que son pays était "dans un processus de transition", sans toutefois en préciser la durée avant d'éventuelles élections pour un retour à l'ordre constitutionnel. 

Le Tchad, importante puissance militaire africaine, avait averti la semaine dernière qu'il ne participerait à aucune intervention militaire aux côtés de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), à laquelle il n'appartient pas. 

Mais la pression reste forte sur les militaires au pouvoir à Niamey.  

Une réunion des chefs d'état-major de la Cédéao, initialement prévue le 12 août, se déroulera les 17 et 18 août à Accra, la capitale ghanéenne, selon une source militaire régionale et une source au sein de l'organisation régionale. Elle se tiendra une semaine après la décision de la Cédéao de déployer une "force en attente", pour rétablir dans ses fonctions Mohamed Bazoum, le président du Niger renversé par un coup d'État militaire le 26 juillet.  

"Agression insensée"

Les militaires au pouvoir au Niger ont par ailleurs haussé le ton lundi 14 août soir face à la menace d'une intervention armée.  

Ils ont rappelé l'ambassadeur du Niger à Abidjan pour "consultation", après des propos du président ivoirien Alassane Ouattara qui a fait, selon eux, "l'apologie de l'action armée" contre leur pays. Le président Ouattara avait déclaré que les chefs d'État étaient d'accord pour qu'une opération militaire "démarre dans les plus brefs délais", s'engageant à fournir un bataillon.  

Le régime militaire à Niamey a dénoncé l'"empressement" de M. Ouattara à "voir se réaliser cette agression en tout point illégale et insensée contre le Niger". 

Mardi 15 août, un container était disposé en travers de la route qui relie le Bénin au Niger à Malanville, seule frontière terrestre entre les deux pays, selon le témoignage de plusieurs habitants côté béninois. 

Selon ces sources, ce container - qui bloque totalement le passage - aurait été disposé côté nigérien pour empêcher une éventuelle intervention militaire par cette frontière. 

La Cédéao a également dénoncé lundi 14 août "une nouvelle provocation" des militaires au pouvoir à Niamey qui ont annoncé leur intention de poursuivre devant les tribunaux le président déchu Mohamed Bazoum "pour haute trahison".  

Ces derniers assurent avoir réuni des "preuves", en s'appuyant sur des "échanges" qu'aurait eu le président Bazoum avec des "nationaux", des "chefs d'État étrangers" et des "responsables d'organisations internationales", une "invention mensongère", selon le parti du président renversé. Ce dernier est retenu depuis le coup d'État dans sa résidence présidentielle, avec son fils et sa femme.