Le maréchal Khalifa Haftar vient d'annoncer sa candidature à l’élection présidentielle qui se tiendra fin décembre. L'homme fort de l'Est du pays est accusé par ses détracteurs de vouloir instaurer une dictature militaire en Libye. Ses alliés que sont des États comme l'Égypte ou les Émirats arabes unis le perçoivent surtout comme un rempart contre l'islam politique et leurs ennemis jurés, les Frères musulmans. Qui est Khalifa Haftar, ancien cadre militaire déchu du régime de Kadhafi devenu l'homme fort d'une partie du pays ?
Ses aventures militaires lui ont valu la réputation d'un va-t-en-guerre. Mais les temps changent en Libye. Désormais, un militaire comme le maréchal Khalifa Haftar cherche désormais à conquérir le pouvoir par les urnes.
Lire : Conférence de Paris sur la Libye : des élections pour sortir du chaos ?Cet ancien cadre militaire du régime du colonel de Khadafi a pourtant tenté plusieurs fois de s'emparer par la force de Tripoli
Échec militaire devant Tripoli
En 2019, le maréchal âgé de 77 ans, qui contrôle l'Est du pays avait pourtant lancé ses combattants à la conquête de Tripoli (ouest), siège de l'ex-gouvernement d'union reconnu par l'ONU. La victoire semblait à portée de main. Mais ses troupes sont repoussées en juin 2020 par les forces rivales. Le gouvernement de Tripoli reçoit le soutien militaire de la Turquie. Les combats feront plus de 3000 morts.
À l'époque Khalifa Haftar se présente comme un
"sauveur" de la Libye, qualifiant ses opposants de
"terroristes" ou de
"mercenaires".
Ses rivaux, eux, l'accusent de vouloir instaurer une dictature militaire dans ce pays pétrolier d'Afrique du Nord, en proie au chaos depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi après une révolte populaire.
Son échec à conquérir la capitale est suivi de la signature d'un cessez-le-feu en octobre 2020. Sa position politique est fragilisée. Il doit alors revoir ses ambitions politiques à la baisse. En mars 2021 sous l'égide de l'ONU un gouvernement est chargé de mener la transition d'ici les élections législatives et présidentielle prévues le 24 décembre. Le vieux maréchal s'incline.
La présidentielle en ligne de mire
Il est alors laché par certaines tribus puissantes de la Cyrénaïque qu'il avait ralliées à sa cause et par certains de ses soutiens étrangers. Khalifa Haftar se fait discret à mesure que la voie politique prenait le dessus sur l'option militaire.
Mais il s'est peu à peu repositionné sur l'échiquier du pouvoir, en jouant cette fois la carte politique, avec en ligne de mire la présidentielle.
Cheveux blancs tranchant avec sa fine moustache et ses sourcils noirs, l'homme est peu loquace. Il aime les déclarations fracassantes. Comme en 2014 lorsque, dans un discours télévisé, il annonce la dissolution des institutions existantes et sa prise du pouvoir, avant de disparaître de la circulation durant plusieurs semaines.
Meneur d'hommes, excellent organisateur, il avait réussi en quelques mois, lors de son retour en Libye en 2011, à mettre sur pied dans l'Est une force paramilitaire, l'autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL).
Elles seront rebaptisées plus tard
"Forces armées arabes libyennes". Il devient l'homme fort de la Cyrénaïque, et acteur incontournable de la crise. Cette réussite sonnait alors comme une forme de revanche pour cet ancien officier de l'armée du colonel Kadhafi.
Un ancien cadre militaire du régime de Kadhafi
Quatre décennies plus tôt, ce soldat formé dans l'ancienne Union soviétique, avait adhéré au coup d'Etat militaire de 1969 qui avait renversé la monarchie des Senoussi et porté le colonel Kadhafi au pouvoir.
Il participe à la guerre tchado-libyenne (1978-1987). Mais ses troupes sont mises e déroute et il est fait prisonnier à Ouadi Doum, à la frontière du Tchad. Il est alors lâché par le colonel Kadhafi, qui affirme que le général ne fait pas partie de son armée.
20 ans d'exil
Les Américains parviennent à le libérer de prison lors d'une opération qui reste aujourd'hui encore une énigme, et lui accordent l'asile politique. Aux Etats-Unis, il rejoint l'opposition libyenne.
Ses rivaux à Tripoli ont tenu à lui rappeler l'épisode tchadien, en donnant le nom de "Ouadi Doum 2" à leur contre-offensive lancée pour tenter de stopper l'avancée des pro-Haftar.
Après plus de vingt ans d'exil, Khalifa. Haftar retourne en mars 2011 à Benghazi. Peu de temps avant la chute de Kadhafi tué en octobre 2011, environ 150 officiers et sous-officiers le proclament chef d'état-major
Bête noire des islamistes, il s'empare en 2017 de la région orientale, et de sa capitale Benghazi, après trois ans d'opérations contre les groupes djihadistes. L'année suivante, il chasse les groupes radicaux de Derna, seule ville qui échappait à son contrôle en Cyrénaïque.
En janvier 2019, il lance une opération pour conquérir le sud désertique riche en pétrole et s'empare sans combats de Sebha, chef-lieu du Sud. Originaire de Cyrénaïque, Khalifa Haftar est sorti de l'ombre au début de la révolte de 2011 à laquelle il a pris part.
Son fils, Saddam, un ancien braqueur devenu colonel se prépare à prendre la suite
Selon ses détracteurs, Khalifa Haftar doit ses succès militaires au soutien, non déclaré, de pays étrangers, comme les Emirats arabes unis, l'Egypte, la Russie ou encore la France.
Lire : Présidentielle en Libye : qui est le candidat Seif al-Islam Kadhafi ?L'homme, agé de 77 ans envisageait de passer progressivement la main à ses fils notamment au plus jeune d'entre eux, Saddam, un ancien braqueur devenu colonel.
En se présentant à l'élection présidentielle, il n'est plus question de succession.
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