Fil d'Ariane
Le président rwandais, Paul Kagame, a salué, mercredi 7 avril, le rapport Duclert sur le rôle de la France dans le génocide de 1994, estimant qu'il "marque un important pas en avant vers une compréhension commune de ce qu'il s'est passé".
Ce rapport, remis le 26 mars au président français Emmanuel Macron, "marque aussi un changement, il montre un désir même chez les dirigeants en France d'avancer avec une bonne compréhension de ce qu'il s'est passé. Nous saluons cela", a ajouté M. Kagame dans un discours à l’occasion des cérémonies de commémoration du 27ème anniversaire du génocide.
"L'important est de continuer à travailler ensemble à documenter la vérité. C'est la vérité", a-t-il poursuivi.
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"Le Rwanda aura aussi son mot à dire dans un avenir proche, peut-être lors de la troisième semaine de ce mois", a-t-il indiqué, en référence à un rapport sur le sujet mené par une commission rwandaise, commandé en 2017.
"Les conclusions (de ce rapport) vont dans la même direction", a affirmé M. Kagame, qui était, à l'époque du génocide, le chef des rebelles tutsi du Front patriotique rwandais (FPR) qui combattait le régime extrémiste hutu.
Le rapport français, dirigé par l'historien Vincent Duclert, est accablant pour les autorités françaises de l'époque.
Après deux ans d'analyse d'archives, dont certaines n'avaient jusqu'à présent pas été ouvertes, la commission Duclert a conclu que si "rien ne vient démontrer" qu'elle s'est rendue complice du génocide, la France porte des "responsabilités lourdes et accablantes" dans la tragédie, notamment en étant "demeurée aveugle face à la préparation" du génocide.
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"Ce rapport va nous être présenté, nous en avons été informés, c'est une bonne chose", a déclaré le président rwandais, sans plus de précisions.
"Le rapport montre que les plus proches conseillers du président Mitterrand savaient qu'un génocide contre les Tutsis était planifié par leurs alliés au Rwanda", a-t-il souligné par ailleurs.
"Malgré ces connaissances, le président a décidé de continuer à les soutenir, car il estimait que c'était nécessaire pour la position géopolitique de la France. Les vies de Rwandais n'étaient que des pions dans le jeu géopolitique", a poursuivi M. Kagame.
"L'effort sur plusieurs décennies de certains responsables français pour couvrir leurs responsabilités a causé des dégâts importants", a-t-il également estimé.
Lors de la remise du rapport Duclert, Emmanuel Macron avait indiqué espérer un rapprochement "irréversible" avec Kigali.
Mercredi, la France a annoncé l'ouverture d'importantes archives sur le rôle de la France au Rwanda, dont celles de l'ancien président socialiste François Mitterrand et celles de son Premier ministre de l'époque Edouard Balladur (droite), pour faire avancer la "vérité historique" sur le génocide de 1994.
Cette ouverture était attendue depuis des années et marque un pas supplémentaire dans la politique mémorielle du président Emmanuel Macron.
Plusieurs de ces archives, notamment des télégrammes diplomatiques et notes confidentielles, figurent dans le rapport Duclert.
Ce génocide a fait plus de 800.000 morts selon l'ONU, essentiellement des Tutsis exterminés entre avril et juillet 1994.