La peine de mort a été requise samedi contre 22 militaires congolais poursuivis notamment pour "fuite devant l'ennemi", a constaté un journaliste de l'AFP. Ils faisaient face sur le front aux rebelles du M23 dans l'est de la République démocratique du Congo.
Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) à Beni, en 2019, image d'illustration.
Des militaires de plusieurs unités des forces armées de la RDC engagés sur les fronts des opérations contre les rebelles du M23, ont comparu devant la justice pour "fuite devant l'ennemi". Le verdict n'est pas encore rendu mais ils encourent la peine de mort.
La peine de mort a été requise samedi contre 22 militaires congolais poursuivis notamment pour "fuite devant l'ennemi" sur le front des opérations contre les M23 dans l'est de la République démocratique du Congo, a constaté un journaliste de l'AFP.
(Re)voir : RD Congo : qui sont les rebelles du M23 ?
Les 22 militaires, dont trois capitaines, comparaissaient dans le cadre d'un procès ouvert jeudi à Lubero (est), en audience foraine publique du tribunal militaire de garnison de Butembo, dans la province du Nord-Kivu.
Ils sont poursuivis pour "lâcheté", "fuite devant l'ennemi", "dissipation de munitions de guerre", "violation des consignes", meurtre, vol, pillages ou encore extorsion, selon l'acte d'accusation.
Dans son réquisitoire, la capitaine Kahambu Muhasa Mélissa, représentante du ministère public, a appelé le tribunal militaire à "les condamner à la peine la plus lourde : la peine de mort". Ces militaires "ont gaspillé les munitions pour se donner un couloir (et s'enfuir) au lieu de défendre la nation", a-t-elle insisté.
Appelée à plaider juste après, la défense des militaires a vivement réagi à cette demande.
"On laisse des militaires cinq jours sans manger sur la ligne de front, que vont-ils faire ?", s'est interrogé Jules Muvweko, avocat des 22 militaires. "C'est le gouvernement qui doit prendre soins des militaires au front pour éviter tout ceci".
Pour l'infraction de "fuite devant l'ennemie, nous plaidons non coupable", tandis que "pour les autres infractions, nous plaidons coupable avec admission des circonstances atténuantes", a déclaré M. Muvweko.
"C'est à cause de la faim qu'il y a eu pillages (...), voilà pourquoi nous sollicitons les circonstances atténuantes", a insisté l'avocat.
Ces militaires sont de plusieurs unités des forces armées de la RDC (FARDC) engagées sur les fronts des opérations contre les rebelles du M23, sur l'axe Kanyabayonga et Kaseghe, dans le territoire de Lubero.
Le président du tribunal a décrété la fin de débats et indiqué que le jugement serait rendu lundi.
Vendredi, le tribunal avait prononcé deux peines de mort, à l'encontre d'un soldat de deuxième classe et d'un caporal. Dans le même contexte, ce même tribunal avait prononcé mercredi la peine de mort contre 25 autres militaires dans le village d'Alimbongo, à 70 km de Lubero.
Ces procès ont lieu alors que la rébellion du M23 ("Mouvement du 23 mars"), soutenue par le Rwanda, s'est emparée la semaine dernière de nouvelles localités sur le front nord du conflit en cours depuis deux ans et demi dans le Nord-Kivu.
Depuis fin 2021, cette rébellion a conquis de vastes pans de territoire de la province, jusqu'à encercler presque entièrement son chef-lieu, Goma.