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Le pays d'une centaine de millions d'habitants est coutumier du phénomène. Il en va ainsi des élections, qui mobilisent régulièrement les trolls employés par les ultras des différents partis pour décrédibiliser leurs adversaires, entre le camp des "Talibans" favorables au président congolais Félix Tshisekedi et celui des opposants surnommé "Pyongyang."
La désinformation a atteint des sommets à mesure que les rebelles progressaient dans le Nord-Kivu, s'emparant de vastes pans de territoires. Elle attise encore un peu plus les tensions entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. Ce dernier est accusé de soutenir la rébellion majoritairement tutsi qui a repris les armes fin 2021.
On assiste à un nombre croissant de fausses nouvelles en RDC, qui, dans la plupart des cas, sont diffusées à dessein par tel ou tel camp
Patrick Maki, rédacteur en chef du journal en ligne congolais Actualité.CD
"On assiste à un nombre croissant de fausses nouvelles en RDC, qui, dans la plupart des cas, sont diffusées à dessein par tel ou tel camp", affirme Patrick Maki, rédacteur en chef du journal en ligne congolais Actualité.CD.
L'AFP a, pour sa part, déjà publié sur son blog de factchecking une dizaine d'articles réfutant les fausses affirmations qui circulent. Mais il ne s'agit que de la partie émergée de l'iceberg. chaque jour, des dizaines de comptes pro-M23, pro-Rwanda ou pro-Kinshasa inondent Twitter, Facebook et WhatsApp de rumeurs aussi nombreuses qu'invérifiables.
(Re)voir : "C'est Kigali qui détient la clé de la fin des hostilités en RDC"
Les intox alimentent aussi le récit fallacieux d’une guerre par procuration avec d'un côté les Russes, de l’autre les Occidentaux. En novembre, certains comptes pro-rebelles ont usurpé l'identité de journalistes de France 24 pour affirmer que la RDC recevait l'appui de la Russie avec l'arrivée de chars de combat.
Les pro-pouvoir ont accusé un avion français en détresse obligé d'atterrir à Kisangani (nord-est) de ravitailler les rebelles en armes. Une désinformation que TV5MONDE avait déconstruite dans sa chronique de vérification des faits À vrai dire. Ou encore les Nations unies (ONU) d'imposer au gouvernement un embargo sur les armes, et par conséquent de soutenir la rébellion.
RD Congo : l'armée française, soutien logistique des rebelles du M23 ? [À vrai dire]
"C'est plus simple de parler de complot, de se défausser sur la communauté internationale, que de dire aux gens qu'on n'a pas d'armée, parce qu'elle sous-équipée, minée par les luttes internes et infiltrée par l'ennemi", ironise, sous couvert d'anonymat un parlementaire congolais, pourtant proche de la majorité.
L'accès difficile à cette région troublée complique le rétablissement des faits, comme l'a montré le récent massacre de Kishishe, en territoire de Rutshuru. Kinshasa parle d'environ 300 civils tués par les rebelles, quand une enquête préliminaire de l'ONU évoque 131 victimes. Mais toutes ces estimations se basent sur des témoignages, faute d'avoir pu se rendre dans cette zone contrôlée par le M23, qui dément catégoriquement.
Les seuls supposés observateurs extérieurs à s'être rendus à Kishishe depuis la tuerie sont deux hommes qui se présentent comme journalistes mais sont connus comme étant de fervents soutiens du régime rwandais.
(Re)voir : RDC : les témoignages des rescapés du massacre de Kishishe