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RD Congo: l'opposition mobilise ses troupes dans un climat de violence

La journée de mobilisation des opposants au président Joseph Kabila aurait fait deux morts à Goma, selon l'ONU. A Kinshasa, la police a dispersé une manifestation de quelques milliers de personnes qui s'étaient écartés de l'itinéraire autorisé, donnant lieu à des échauffourées.

Selon l'ONU, une policière et un manifestant seraient morts lors d'incidents qui ont éclaté lors de la manifestation d'opposants au régime à Goma, dans le nord-Kivu. La Interrogés par l'AFP, des responsables de la police ont démenti ces informations.

Trois coalitions d'opposants avaient appelé la population à descendre dans la rue sur tout le territoire de la République démocratique du Congo pour exiger la tenue d'une présidentielle avant le terme du mandat de Joseph Kabila, le 19 décembre 2016.

Les manifestants entendaient également dénoncer un récent arrêt de la Cour constitutionnelle autorisant le chef de l'État à se maintenir en fonctions si l'élection n'est pas organisée d'ici là, comme cela semble chaque jour un peu plus certain.

Une élection incertaine

La Constitution interdit à Joseph Kabila de se représenter. Ses détracteurs l'accusent depuis des mois de chercher à tout faire pour contourner cet obstacle et se maintenir au pouvoir.

Les autorités locales avaient autorisé la marche de l'opposition à Kinshasa mais au Nord-Kivu, province de l'est de la République démocratique du Congo, toute manifestation avait été interdite, tout comme à Lubumbashi, la deuxième ville du pays, dans le sud-est.
 

Une des plateformes de l'opposition avait appelé la population à braver ces interdits. A Lubumbashi, fief de l'opposant Moïse Katumbi, candidat à la présidentielle ayant quitté le pays vendredi après des ennuis judiciaires, un déploiement massif des forces de l'ordre a dissuadé toute volonté d'attroupement, selon des journalistes de l'AFP sur place.

A Goma, capitale du Nord-Kivu, un correspondant de l'AFP a vu des policiers utiliser des gaz lacrymogènes pour disperser plusieurs regroupements de jeunes ayant dressé des barricades sur la voie publique.
 

"Il y a eu quelques échauffourées", a dit à l'AFP le porte-parole de la Police nationale congolaise, le colonel Pierre Rombaut Mwanamputu, mentionnant sans plus de précisions "quelques interpellations".

2.500 manifestants à Bukavu

A Bukavu, capitale du Sud-Kivu, la manifestation autorisée par les autorités a rassemblé environ 2.500 personnes, selon le correspondant local de l'AFP, et s'est déroulée dans le calme.

A Kinshasa, ville de 10 millions d'habitants, quelque 5.000 personnes ont répondu à l'appel de l'opposition et manifesté pour demander "le respect des délais constitutionnels" pour la tenue de la présidentielle censée avoir lieu cette année, selon une journaliste de l'AFP. Des incidents y ont également été signalés, comme le confirme les photos publiées sur Twitter, par la journaliste de RFI sur place, Sonia Rolley.
 


Sur le site Africa243news, on apprend que la marche a été dispersée dans ville martyre de Beni, a-t-on appris des organisateurs. Le cortège a été stoppé au niveau de Tora. La police a utilisé les gaz lacrymogènes pour dissuader d’autres téméraires qui veulent se rassembler. Quelques membres de l’opposition seraient arrêtés. On cite l’assistant Tembo Akilimali de l’Union pour la nation congolaise.
 

Rien à négocier, on disperse

Le cortège, d'où émergeaient moult drapeaux de divers mouvements politique est parti vers 10H45 (09H45 GMT) de l'avenue de l'Enseignement, dans le nord de la capitale où plusieurs partis d'opposition ont leur siège, en scandant "Non à un troisième mandat" du président Kabila, ou encore "Telema !" (Peuple "lève-toi !" en lingala), "Kabila dégage !", "Yebela !" (Méfie-toi !").

La manifestation s'était éloignée depuis longtemps de l'itinéraire convenu lorsque la police a tiré des grenades lacrymogènes sur le cortège vers 11H45. Des pierres ont alors fusé de la foule vers les policiers, qui ont fini par charger pour disperser les manifestants.

"Ce n'est pas l'itinéraire, qu'est-ce qu'ils sont allés faire-là ?" a déclaré à l'AFP le colonel Mwanamputu, "dans ces cas-là, rien à faire, on n'a pas à négocier, on disperse".

Vers 13H15, quelques centaines de jeunes hommes revenus au point de départ de la manifestation affrontaient de nouveau à coups de pierre les forces de l'ordre, qui tentaient de les disperser avec des gaz lacrymogènes.

Deux dirigeants des trois grands partis de l'opposition s'étaient joints au départ de la manifestation : Ève Bazaiba pour le Mouvement de libération du Congo (MLC), et Vital Kamerhe, de l'Union pour la Nation congolaise (UNC).

Le parti historique de l'opposition, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) n'avait pas appelé à manifester mais était représenté par des adhérents de sa branche "Jeunes" arborant des portraits du vieil opposant Etienne Tshisekedi, en convalescence à Bruxelles.

Mercredi soir, le secrétaire-général de l'ONU, Ban Ki-Moon avait indiqué être "profondément préoccupé" par la situation politique au Congo, pays ravagé par deux guerres entre 1997 et 2003 et dont la partie orientale continue d'être déchirée par la violence de multiples conflits armés.