RD Congo : plus d'un million de fidèles pour la messe papale

Plus d'un million de fidèles avait afflué sur le tarmac de l'aéroport de Ndolo, dans l'est de la capitale Kinshasa, pour écouter la messe présidée par le pape François ce 1er février. Certains étaient même arrivés la veille pour être sûrs d'avoir une place. Cet après-midi, le pape rencontrera des victimes des violences dans l'Est du pays.
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foule de fidèles sur le tarmac pour la messe du pape à Kinshasa
Ils étaient plus d'un million rassemblés pour écouter la messe papale sur le tarmace de l'aéroport de Ndolo à Kinshasa ce 1er février.
© AP Photo/Samy Ntumba Shambuyi
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Arrivé en "papamobile", le pape a salué la foule qui l'a acclamé avec des drapeaux et des chants traditionnels dans une ambiance survoltée, sous un grand soleil et un important dispositif de sécurité.

Assise à même le sol, chapelet autour du cou, Eulalie Nzinga a quitté sa maison à 4 heures ce 1er février pour être sûre de pouvoir assister à la messe du pape François. D'autres ont passé la nuit sur place et tous ont ensuite prié, chanté, communié, sous une chaleur écrasante.

Selon les autorités et conformément aux prévisions, plus d'un million de personnes ont assisté à la messe papale, qui a débuté à environ 09h30 et a duré deux heures.

Voir : RDC : messe géante du Pape François à Kinshasa
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Chanter pour la réconciliation

 
"Je suis malade, mais je sais que comme le pape est là, tout ira bien", espère de bon matin Eulalie, fonctionnaire de 63 ans venue avec sa petite-fille de 13 ans à l'aéroport de Ndolo.
 
"Quand le pape (Jean Paul II) est venu pour la première fois c’était de l’histoire, j'avais 15 ans, aujourd’hui j’ai 55 ans, donc assister à une première messe papale est très important", déclare à l'AFP Adrien Louka, arrivé avant l'aube.
 
"Comme notre pays a beaucoup de problèmes, c’est la réconciliation que nous cherchons et le pape va donner un message pour que les pays qui nous entourent nous laissent en paix !", ajoute-t-il, vêtu d’une chemise colorée avec le logo de la visite papale dans le dos.
 
Fidèles ivres de joie à la messe du pape à Kinshasa
Un moment de la messe papale à Kinshasa ce 1er février 2023.
© AP Photo/Moses Sawasawa
 
"C'est la première fois que je vois un pape en chair et en os... C'est quelque chose que je raconterai à mes enfants", lance joyeusement après l'office Princylia Kitambala, 17 ans.
 
"C'était important de venir prier avec le pape pour demander la paix dans l'est de notre pays, où les gens meurent chaque jour", déclare plus gravement Christo Mimpu, 25 ans, ingénieur en construction.

Une chaleur écrasante

Pour être sûr de pouvoir venir, il a passé la nuit à la paroisse Saint-Léonard, dans son quartier de l'ouest de la ville, avec une centaine d'autres paroissiens qui ont fait le déplacement ensemble vers Ndolo, à bord de mini-bus loués pour l'occasion.
 
Ils sont partis très tôt, en mini-bus loués pour l'occasion, pour éviter les embouteillages qui peuvent s'avérer inextricables dans la mégapole d'environ 15 millions d'habitants.
 
La veille au soir, pendant que plusieurs milliers de personnes se préparaient à passer la nuit à Ndolo, on craignait la pluie, comme celle qui avait endommagé en début de semaine la tribune dressée dans le stade des Martyrs pour accueillir le pape, qui doit y rencontrer le 2 février la jeunesse.
 
scènes de liesse pendant la messe papale à Kinshasa
Scènes de liesse pendant la messe papale à Kinshasa ce 1er février.
© AP Photo / Jérôme Delay
 
Mais un beau soleil s'est levé sur Ndolo, pendant que la foule affluait par la vingtaine de points d'accès au site. Supportable en début de matinée, la chaleur devient écrasante au fil des heures.
 
Les gens s'épongent le visage, s'éventent avec les programmes de la cérémonie, d'autres les mettent sur leur tête, pendant que certains ont déjà ouvert leurs parapluies pour se faire de l'ombre.  

"Ne pas céder aux divisions"

Dans son homélie en italien, traduite en français, le souverain pontife a d'abord souhaité la paix aux fidèles en lingala, une des quatre langues nationales de la RDC. Il les a ensuite invités à "ne pas céder aux divisions" devant les "blessures" du pays.

Lire : RD Congo : jusqu'où va l'influence de l'Église catholique dans le jeu politique ?
 
Mais ce sont plutôt les propos de l'archevêque de Kinshasa, Mgr Fridolin Ambongo, qui sont acclamés quand, vers la fin de la messe, il appelle à des élections "libres, transparentes, inclusives et apaisées"

Dénoncer le "colonialisme économique"

Pour son premier discours le 31 janvier dans la capitale du plus grand pays catholique d'Afrique, Jorge Bergoglio a dénoncé le "colonialisme économique" qui "se déchaîne" dans ce pays au sous-sol d'une immense richesse et à la terre fertile, mais dont les deux tiers des quelque 100 millions d'habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

Lire : RD Congo : à Kinshasa, le pape dénonce un "colonialisme économique" sur le continent africain
 
"Cessez d’étouffer l’Afrique: elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser", a lancé le pape devant les autorités et le corps diplomatique au palais présidentiel.
 
Dès son arrivée, il avait été accueilli dans la liesse populaire par des dizaines de milliers de personnes massées le long des grandes avenues de la mégapole de quelque 15 millions d'habitants.

Rencontre avec des victimes

Autre temps fort de cette étape à Kinshasa, le chef spitituel de l'Écatholique rencontrera ce 1er février des victimes de violences dans l'Est du pays. François devait initialement se rendre à Goma, dans le Nord-Kivu, province congolaise frontalière du Rwanda en proie à de nombreuses violences et à la résurgence du groupe armé M23 qui a conquis au cours des derniers mois de vastes pans du territoire.

Voir : En RD Congo, l'exode se poursuit avec la prise de Kitshanga par le M23
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Mais cette étape, qui figurait dans le voyage prévu en juillet 2022 puis reporté à cause des douleurs au genou du pape de 86 ans, a finalement été supprimée en raison des risques de sécurité, jugés trop importants.
 
L'est de la RDC compte des dizaines d'autres groupes armés, dont des rebelles islamistes qui prennent pour cible des civils.
 
Le 31 janvier, le pape a "encouragé les processus de paix en cours" afin que "les engagements soient tenus". Il a aussi évoqué l’environnement, l'éducation, les problématiques sociales et sanitaires, des thématiques sur lesquelles il devrait revenir lors de ses prochaines prises de parole.

Lire : Visite du pape en RD Congo et au Soudan du Sud : l'Afrique, laboratoire et avenir du catholicisme ?
 
Cet après-midi, le pape prononcera son troisième et dernier discours de la journée devant des représentants d'œuvres caritatives.
 
Il s'agit du quarantième voyage international de François depuis son élection en 2013, le cinquième sur le continent africain. Après Kinshasa, il rejoindra le 3 févrierJuba, capitale du Soudan du Sud, plus jeune État du monde et parmi les plus pauvres de la planète.