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L'ex-président congolais Joseph Kabila a rompu six années de silence vendredi 23 mai 2025. Il a prononcé un discours offensif dans un contexte de tensions politiques.
Joseph Kabila, s'exprime lors d'une interview accordée à l'Associated Press au Palais de la Nation à Kinshasa, le dimanche 9 décembre 2018.
C’est sa première prise de parole depuis son départ de la présidence congolaise en 2019. Le discours de Joseph Kabila, ancien président de la République démocratique du Congo, a été diffusé sur plusieurs plateformes numériques. Ce discours long et structuré marque une véritable offensive politique de la part de l’ancien président congolais, qui cherche clairement à repositionner son image dans un paysage politique qu’il juge "en ruines".
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L’intervention de Joseph Kabila fait suite à la levée de son immunité parlementaire par le Sénat congolais. Cela ouvre la voie à des poursuites judiciaires pour des accusations de trahison et de crimes de guerre.
Dès le début de son discours, l’ancien président de la RD Congo fustige le régime de son successeur Félix Tshisekedi. Il accuse ce dernier d’avoir trahi l’alternance démocratique historique de 2019, qu’il présente comme l’héritage d’un "combat de plusieurs décennies". Il considère que le pouvoir actuel a sombré dans une "dérive autoritaire", marquée par la "concentration excessive du pouvoir" entre les mains d’un seul homme.
Nous assistons à une abdication générale des responsabilités constitutionnelles.
Joseph Kabila, ancien président de la RD Congo
Joseph Kabila n’épargne aucune institution. Il décrit une justice "instrumentalisée" pour faire taire les opposants et légitimer les actions du pouvoir. Selon lui, le Parlement congolais est devenu une simple "chambre d’enregistrement", incapable de jouer son rôle de contre-pouvoir. "Nous assistons à une abdication générale des responsabilités constitutionnelles, décrit-il. C’est une trahison de la République."
Lors de son discours, l’ancien président a largement insisté sur l’aggravation de l’insécurité dans l’est du pays. Il dénonce la présence de troupes étrangères, l’utilisation de milices communautaires et le recul de l’autorité de l’État. Kabila accuse le pouvoir de livrer la souveraineté nationale à des "forces étrangères et intérêts occultes", citant les cas de massacres à Goma, Kilwa où des exécutions extrajudiciaires présumées auraient eu lieu et à la prison de Makala, à Kinshasa, après un soulèvement de détenus ayant conduit à des morts.
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Il affirme que ces épisodes traduisent une montée de la violence d’État, alimentée selon lui par un climat d’impunité et une instrumentalisation des forces armées au profit de l’exécutif en place. Il considère que l’armée n’est plus le bouclier de la nation mais un outil au service de la tyrannie.”
Jospeh Kabila parle également d’un "effondrement généralisé" sur le plan économique. Il accuse le gouvernement d’avoir précipité le pays dans une spirale d’inflation, d’endettement et de paupérisation. Il critique notamment la politique monétaire et la perte de contrôle des finances publiques.
Joseph Kabila lance un appel à ce qu’il qualifie de "sursaut national", qu’il présente comme une réponse à la situation politique, institutionnelle et sécuritaire du pays. Il propose la mise en place d’un "pacte citoyen", articulé autour de douze engagements, parmi lesquels la restauration de l’État de droit, une garantie de la souveraineté nationale et un engagement autour d’une réforme des institutions. Il appelle à une mobilisation pacifique et civique, qu’il estime nécessaire pour faire face aux défis actuels. “Rejoignez ce pacte pour sauver le pays”, martèle l’ancien président.
Enfin, si Joseph Kabila ne fait aucune annonce explicite sur ses intentions politiques futures, il conclut son discours en affirmant qu’il est prêt à "assumer [ses] responsabilités devant le peuple". Laisse-t-il entendre qu’il pourrait jouer un rôle plus actif dans les mois à venir ?