Fil d'Ariane
Ce vendredi 27 juin 2025, la République démocratique du Congo et le Rwanda ont signé, sous les auspices des États-Unis, un accord de paix. Il vise à mettre fin au conflit dans l'est de la RDC, qui a fait des milliers de morts.
La RDC et le Rwanda ont signé un accord de paix à Washington, ce vendredi 27 juin 2025.
Cet accord, que le président américain Donald Trump s'est félicité d'avoir obtenu, s'inspire d'une Déclaration de principes approuvée en avril entre les deux pays. Il prévoit des dispositions sur "le respect de l'intégrité territoriale et l'arrêt des hostilités" dans l'est de la RDC après l'offensive menée par le groupe armé M23.
Il a été formellement signé, ce vendredi 27 juin 2025, lors d'une cérémonie à Washington, en présence du secrétaire d'État américain Marco Rubio et de ses homologues de la RDC et du Rwanda, Thérèse Kayikwamba Wagner et Olivier Nduhungirehe.
"C'est un moment important après trente ans de guerre", a déclaré le chef de la diplomatie américaine, ajoutant cependant qu'il y avait encore "beaucoup à faire". L'accord est "fondé sur l'engagement pris ici de mettre fin de manière irréversible et vérifiable au soutien de l'État aux FDLR et aux milices associées", a déclaré pour sa part le ministre rwandais.
Le conseiller du président Trump pour l'Afrique, Massad Boulos, a lui indiqué que Kigali s'engage à la "levée des mesures défensives du Rwanda" même si l'accord ne parle pas explicitement du M23. Cet accord de paix "n'est que le début, pas la fin", a dit la ministre congolaise.
Les deux ministres seront reçus dans l'après-midi par Donald Trump à la Maison Blanche, lequel s'est félicité plus tôt dans la journée de la signature de l'accord. "Vous savez, ils se sont battus pendant des années. Et il y avait des machettes. C'était violent. Et nous signons aujourd'hui un traité de paix. Pour la première fois depuis de nombreuses années, ils vont connaître la paix. C'est une grande affaire", a-t-il assuré.
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L'accord a été élaboré la semaine dernière au cours de trois jours de "dialogue constructif portant sur les intérêts politiques, sécuritaires et économiques" entre représentants de la RDC et du Rwanda présents dans la capitale américaine.
Il comprend aussi des dispositions sur "le désengagement, le désarmement et l'intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques", ainsi qu'un "mécanisme conjoint de coordination en matière de sécurité".
Le Qatar a également été médiateur et avait reçu mi-mars à Doha le président rwandais Paul Kagame et celui de la RDC, Felix Tshisekedi. Les deux dirigeants pourraient être reçus par Donald Trump à la Maison Blanche en juillet.
Alors que Washington a "mené les négociations entre les gouvernements rwandais et congolais", le Qatar s'est occupé "des négociations entre le gouvernement congolais et le M23", a dit à l'AFP une source ayant connaissance de l'accord.
Le président français a salué samedi "un pas en avant historique".
"L'accord de paix entre la RDC et le Rwanda, avec le soutien des États-Unis, est un pas en avant historique après des décennies de souffrance. (...) Aux Congolais et aux Rwandais, la France adresse un message d'espoir. La paix doit tenir", a réagi Emmanuel Macron sur le réseau social X.
Une autre réaction attendue : celle d'Antonio Guterres. Dans un communiqué, il a déclaré que "cet accord constitue une étape importante vers la désescalade, la paix et la stabilité dans l'est de la République démocratique du Congo et dans la région des Grands Lacs". Le secrétaire général de l'ONU a appelé les parties à "respecter pleinement les engagements qu'elles ont pris".
Le groupe armé M23, soutenu militairement par le Rwanda selon les experts de l'ONU et les États-Unis, s'est emparé des grandes villes de Goma en janvier et Bukavu en février au terme d'une offensive éclair faisant des milliers de morts.
L'est de la RDC, riche en ressources naturelles et frontalier du Rwanda, est en proie à des violences depuis plus de 30 ans. De multiples cessez-le-feu ont été conclus et violés depuis la reprise des opérations du M23 dans l'est de la RDC en 2021. Les affrontements avec les forces gouvernementales et alliées ont déplacé des centaines de milliers de personnes et provoqué une vaste crise humanitaire.
Kigali nie soutenir militairement le M23 mais affirme que sa sécurité est depuis longtemps menacée par des groupes armés, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda, créées par d'anciens dirigeants hutus liés au génocide rwandais de 1994.
Peu de détails ont été livrés sur le volet économique, mais le président congolais avait évoqué en avril un accord minier avec le conseiller spécial Massad Boulos, en visite alors à Kinshasa.
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Premier producteur mondial de cobalt, la RDC, deuxième plus vaste pays d'Afrique, détient aussi dans ses sous-sols au moins 60% des réserves mondiales de coltan, minerai stratégique pour l'industrie électronique, ce qui intéresse activement le président Trump.