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"80.000 ménages, soit environ 400.000 habitants, ont évacué la ville de Goma jeudi", indique le compte-rendu d'une réunion d'urgence qui s’est tenue, vendredi matin, sur la situation du volcan.
Quasi déserte au petit matin, la ville, habituellement grouillante, a retrouvé au fil des heures, par endroits, une petite reprise d'activité.
La plupart des magasins, banques, et commerces du centre-ville sont restés fermés. Quelques boutiques ont rouvert dans les quartiers nord, plus populaires, où les rues étaient également plus encombrées, des grappes de gamins chahuteurs venant par exemple récupérer l'eau distribuée par un camion citerne.
Jeudi 27 mai, dans un soudain exode, des dizaines de milliers de personnes avaient fui la localité, capitale de la province du Nord-Kivu que surplombent les imposantes pentes noires du Nyiragongo. Un ordre d'évacuation "préventive" et "obligatoire" face aux risques d'une nouvelle éruption a été donné.
Lors de l’évacuation, "deux accidents ont provoqué la mort de deux personnes", selon le compte-rendu, ce qui porte le bilan à 34 tués depuis une semaine.
D’après les autorités du Nord-Kivu, "les populations commencent à s'installer dans les sites, ce qui va faciliter l'assistance du gouvernement et des humanitaires."
Cette aide s'organisera autour de "l'approvisionnement en eau potable, les soins de santé, l'assistance et vivres et non-vivres, et la question des enfants isolés" qui se sont retrouvés séparés de leur famille, est-il précisé.
(Re)voir : RD Congo : la terre tremble toujours, deux grandes fissures dans la ville de Goma
Vendredi 28 mai, la mesure d'évacuation "reste toujours en vigueur", alors "qu'on ne peut toujours pas actuellement exclure une éruption à terre ou sous le lac", qui "pourrait advenir avec très peu, voire sans aucun signe précurseur."
"La sismicité et la déformation du sol continuent à indiquer la présence du magma sous la zone de Goma, avec une extension sous le lac Kivu. Le point de sortie des laves n'est pas prévisible pour le moment."
La population doit "rester à l'écart des coulées de lave, rester vigilante et à l'écoute des informations transmises", alors que la situation "peut évoluer rapidement."
L'ordre d'évacuer, annoncé à l'aube, a pris par surprise la population qui s'est alors précipitée aux sorties de la ville, la peur au ventre et dans le plus grand désordre.
L'évacuation ne devait, en théorie, concerner que 10 des 18 quartiers de Goma, agglomération de quelque deux millions d'habitants. C’est finalement la quasi-totalité des habitants qui a fui sur trois principaux axes, à savoir vers la localité de Sake à l'ouest, vers le Rwanda tout proche à l'est, et vers le nord-est, ainsi que par bateau sur le lac.
Sans aucun signe avant-coureur, une première éruption a eu lieu, samedi dernier, provoquant déjà la fuite des habitants, rentrés pour beaucoup le lendemain. Au moins 32 personnes avaient trouvé la mort et entre 900 et 2.500 habitations avaient été détruites, portant le total à environ 20.000 sans-abris ou déplacés.
L'éruption de samedi "était une toute petite éruption, un véritable miracle", du fait en particulier que "si peu de lave soit sortie" du cratère, a expliqué, à la radio Okapi, Dario Tedesco, un volcanologue italien qui a vécu plusieurs années à Goma.
Les risques sont désormais de quatre types, selon les autorités : les tremblements de terre à répétition, la toxicité de l'air et de l'eau du fait des cendres dispersées dans l'atmosphère, une "éruption secondaire" avec possiblement des laves surgissant directement du sol dans la ville. Et enfin le "scénario catastrophe" de l'explosion d'une "poche de gaz sous le lac Kivu, du fait d'un contact avec le magma."
(Re)voir : RDC : à Goma, le volcan Nyiragongo menace toujours