RDC : accalmie précaire à Kinshasa, mais pour combien de temps ?

En République démocratique du Congo, les habitants de Kinshasa retiennent leur souffle, après deux jours d'affrontements dont on ignore le nombre exact de victimes. Cet épisode est-il réellement terminé, ou faut-il s'attendre à de nouvelles explosions de violences ? La communauté internationale reste en alerte.  
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Kinshasa, mardi 20 septembre 2016.
©AP Photo/John Bompengo
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Après deux jours d'embrasement entre forces de l'ordre et jeunes réclamant le départ du président Kabila, les violences semblent marquer un coup d'arrêt à Kinshasa. Selon les journalistes de l'AFP sur place, un calme précaire régnait ce mercredi dans la capitale de la République démocratique du Congo.

Dans les quartiers centre-ouest et sud de la capitale de la République démocratique du Congo, la vie a commencé à reprendre un cours normal. Les transports en commun fonctionnent de nouveau, mais la situation était plus fluide qu'un jour normal dans cette mégapole de 10 millions d'habitants habituée aux embouteillages.

Les vendeurs à la sauvette qui avaient disparu pendant deux jours déambulent de nouveau en transportant leurs marchandises sur la tête.

Si les stations à essence et les boutiques ont majoritairement rouvert, les écoles restent vides, les parents préférant garder leurs enfants à la maison pour s'assurer que le calme est bien rétabli.

"C'était terrible ici hier et avant-hier", explique Christian, 21 ans, à l'AFP, devant une boutique d'opérateur téléphonique dévalisée au quartier 1 de Ndjili dans le sud de la capitale. "On ne refuse pas que les gens revendiquent leurs droits, mais ce qui me fait mal, c'est qu'on ait cassé et pillé" des commerces susceptibles de donner de l'emploi à la grande majorité de la population qui en manque cruellement, ajoute-t-il.

Un peu plus loin, un dépôt du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo (créé il y a deux ans par le gouvernement) a été totalement pillé. Il n'y reste que des conteneurs vides.

"On n'a pas de problème particulier avec le président Kabila, mais nous attendons qu'il dise publiquement qu'il ne va pas se représenter" et "que le président qui lui succédera donne de l'emploi aux gens", ajoute cet autre habitant de Kinshasa, interrogé par les journalistes de l'AFP.

La Constitution interdit à Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, de se représenter, mais le chef de l’État ne donne aucun signe de vouloir quitter son poste alors que la présidentielle apparaît désormais impossible à organiser dans les temps.

"Préavis au président Kabila"

La marche organisée lundi a très rapidement dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre. Les violences, qui ont fait un nombre indéterminé de victimes (au moins une vingtaine de morts), se sont poursuivies mardi et ont été accompagnées de nombreux pillages ou actes de vandalisme.

Ces violences surviennent en plein « dialogue national », tentative pour sortir la République démocratique du Congo de l’impasse électorale. En raison des violences, l’Union africaine (UA), qui assure la facilitation de ce dialogue, a annoncé mardi que les travaux de ce forum étaient suspendus jusqu’à vendredi.

Renvoyant pouvoir et opposition dos à dos, l’Église catholique a condamné « fermement la violence d’où qu’elle vienne ». La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a annoncé qu’elle suspendait sa participation au dialogue national, « par respect pour les victimes », « pour faire le deuil et rechercher un consensus plus large ».

L'abbé Donatien Nshole, secrétaire général adjoint de la Commission Episcopale nationale du Congo explique cette décision dans le journal de TV5monde.

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De son côté, le président français François Hollande a accusé "l'État congolais lui-même" d'avoir provoqué "des exactions".