RDC : appels à l'abandon d'une proposition de loi sur la "congolité"

Des premiers concernés aux évêques catholiques, en passant par des formations politiques et associations de la société civile, en République démocratique du Congo les prises de position se multiplient contre un projet de loi controversé sur la "congolité"
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Noël Tshiani Muadimvita
L'alors candidat à la présidentielle Noël Tshiani Muadimvita en campagne à Kinshasa, 11 décembre 2018. Il a été à l'initiative de la loi sur la "congolité".
© AP Photo/Khaled Kazziha
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Cette proposition de loi dite "loi  Tshiani", du nom de son initiateur Noël Tshiani, lui-même candidat à la présidentielle de 2018, vise à réserver les plus hautes fonctions de l'État, dont la magistrature suprême, aux seuls Congolais nés de père et de mère congolais.

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Déposé à l'Assemblée nationale en juillet 2021, ce texte, jugé "dangereux" par ses détracteurs, avait été rapidement écarté, avant de revenir dans le débat public après l'annonce, en mars, de son inscription dans le programme de la session parlementaire en cours. 

S'estimant directement visés par ce projet de loi, des membres de l'Association des métis au Congo (Asmeco) ont manifesté devant le siège du Parlement et déposé vendredi un mémorandum, dans lequel ils expriment leur opposition à cette "loi discriminatoire".

Cette proposition de loi "sur la congolité est injuste, ambiguë" et vise à "nuire à une catégorie de Congolais", est-il écrit dans le texte, consulté par l'AFP. Dans le souci de "préserver la paix, la concorde, la tranquillité et la cohésion entre Congolais", l'Asmeco exhorte les élus à la "rejeter".

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Créée en 2007, cette association regroupe les Congolais nés de parents congolais et étranger (africain, asiatique, européen, etc), a expliqué son président Ferdinand Lokunda.

La très influente conférence épiscopale, par la voix de son secrétaire général l'abbé Donatien Nshole, a également dénoncé une "loi dangereuse", qui "menace la paix sociale".

Dans plusieurs villes du pays, des manifestations contre cette loi ont été organisées par des partis politiques et des organisations de la société civile.

Si cette loi était adoptée, l'homme d'affaires Moïse Katumbi par exemple, candidat déclaré à la présidentielle prévue en décembre, serait exclu de la course, puisque son père était italien.

Interrogé lundi par l'AFP, Mike Mukebay, député provincial de Kinshasa et communicateur du parti de Moïse Katumbi, pense que cette proposition de loi est "en réalité un piège" du pouvoir "pour procéder à une révision constitutionnelle aux contours flous".

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Avec elle, "on nous interdit de nous marier avec les ressortissants d'autres nationalités, on veut faire passer l'idée selon laquelle les enfants issus de mariages mixtes ont un sang dénaturé. C'est inadmissible", a-t-il également déclaré.

Dans l'histoire récente de la RDC, des Congolais dont les deux parents n'étaient pas congolais ont occupé différents postes de responsabilité et se sont portés candidats à la présidentielle.