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Vital recouvre délicatement son oncle d’un linge bleu. Il a été abattu il y a quelques jours, à seulement quelques pas du centre ville. Il est la énième victime d’un conflit qui ravage cette partie du Congo.
"Nous sommes abandonnés, ça se voit et on ne peut pas se cacher la face. La sécurité n’est pas là. On arrive en retard. Et ce retard a trop duré", raconte Joseph Nzwa, famille de la victime.
Dans la région de Beni, les tueurs sont inconnus, insaissisables. Certains affirment que ce sont les ADF, des rebelles venus d’Ouganda qui se livrent à ces massacres. Mais la population ne sait plus à qui faire confiance. Car ces présumés ADF portent souvent les mêmes tenues militaires que les soldats congolais.
"Nous ne confirmons pas, raison pour laquelle on dit toujours "présumé". Qui est présumé ? C’est-à-dire que, nous sommes tués par l’inconnu", souligne Joseph Nziwa.
"Un vrai soldat peut quitter ici et on va avoir peur car on va se demander si c’est un vrai militaire ou un ADF ? On a plus du tout confiance en nos soldats."
La famille a décidé d’enterrer Papa Baltazard, dans son champs de cacao.
Depuis 2013, plus d’un millier de personnes ont été tuées, sans qu’aucun de ces massacre ne soit revendiqué… Et sans qu’aucune des forces en présence ne soit capable de changer les choses.
"Bien sûr, ils ont échoué. 4 à 5 ans de massacre et qu’est-ce qu’ils ont réussi à faire ?" interroge Erasme Tschukurumboko,un habitant du village.
"Il y a toujours des attaques, tous les jours, pourtant il y a la Monusco, les FARDC, la police et nous ne savons toujours pas qui tue les gens à Beni. Ou bien ils sont incompétents ou bien ils sont complices. En tous cas s’ils sont incapables de nous sécuriser, c’est nous-mêmes qui prendront en charge notre sécurité à Beni."
Des habitants excédés et le risque d’une justice populaire. Au lendemain de l’enterrement, un homme a été lynché, suspecté d’avoir participé au meurtre. Les casques bleus et les FARDC mènent depuis plusieurs semaines des opérations militaires dans la zone. Mais dans cette forêt épaisse, le combat est déséquilibré. Sept casques bleus sont morts, ainsi qu'une dizaine de militaires congolais.