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Dans cette ville du Nord Kivu, lorsque l'on demande qui sont les reponsables des tueries, des assassinats et de la violence quotidienne par ici, l'habitant de Béni répond: "on sait pourquoi on meurt mais on ne sait pas qui nous tue."
Une semaine à peine après l'attaque meutrière contre le contingent de casques bleus tanzaniens à 45 kilomètre d'ici, l'identité des assaillants est devenu le sujet principal des conversations. Si la Monusco a pointé du doigt les miliciens ougandais des Forces alliées démocratiques les ADF, la société civile de Béni exige l'ouverture d'une enquête.
Le 1er vice-président de la société civile de Béni, Kizito Bin Hagi explique que "les gens ont douté de l'identité des assaillants parce qu'ils supposaient que c'était un groupe autre que les ADF, qui portait des tenues semblables au FARDC (l'armée régulière congolaise, ndlr). C'est pourquoi la MONUSCO elle-même demande des enquêtes et réclame que les assaillants soient déférés devant la justice".
À Béni la population n'en peut plus. En plus d'enterrer les morts sans connaître les assassins, les massacres ont chassé les agriculteurs de leurs champs. "Dans notre association, nous comptions au moins 25 mille personnes", détaille Nestor Basyanire, le président des agriculteurs et éleveurs de Béni. "Actuellement, seul 1/3 de la population accéde encore aux champs. Même si il y a récolte, nous ne pouvons pas y aller à cause de l'insécurité. Les ennemis récoltent notre cacao et le café pour le vendre et permettre leurs ravitaillements."
Ceux qui continuent d'aller au champ le font la peur au ventre. Pour les autres la vie devient de plus en plus difficile. Entre 2016 et 2017 le nombre d'agriculteurs dans le territoire de Béni a diminué de moitié.