RDC : de nouvelles règles de déplacement pour les diplomates

Après la mort dans une attaque armée de Luca Attanasio - l’ambassadeur d’Italie dans l’est de la RDC, Kinshasa a édicté de nouvelles règles pour les personnels des ambassades. Les diplomates accrédités à Kinshasa sont désormais obligés de faire connaître au préalable aux autorités leurs déplacements à l'intérieur de la République démocratique du Congo. Ce jeudi, l'Italie a rendu un hommage national  à son ambassadeur en RDC, et son garde du corps, tués tous deux, avec leur chauffeur congolais, dans l'attaque d'un convoi du Programme alimentaire mondial (PAM).

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Un minibus avec les corps de Luca Attanasio et son garde du corps attend de partir pour Kinshasa
Un minibus avec les corps de l'ambassadeur italien Luca Attanasio et son garde du corps Vittorio Iacovacci attend à l'aéroport de Goma de partir pour Kinshasa, le 23 février 2021.
© AP Photo/Justin Kabumba
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C’est la cheffe de la diplomatie congolaise Marie-Thérèse Tumba Nzeza qui a annoncé ces nouvelles règles lors d’un discours solennel à la télévision d’État RTNCS : les diplomates "doivent absolument informer le ministère des Affaires étrangères" avant tout déplacement et "se signaler" aux responsables locaux à leur arrivée dans une entité.

A l'issue d’une réunion présidée le 23 février par le chef de l’État Félix Tshisekedi, il a été décidé que "tous les diplomates, présents sur le territoire national sont désormais, obligés de signaler tout déplacement à l'intérieur du pays auprès du gouvernement", selon un communiqué de la présidence congolaise.

L'ambassadeur italien Luca Attanasio, 43 ans, est décédé après avoir été blessé par balles lorsque le convoi du Programme alimentaire mondial (PAM) dans lequel il circulait a été pris dans une embuscade dans la province du Nord-Kivu (est), près de la frontière avec le Rwanda.

Quels sont les faits ?

Selon la présidence congolaise, le convoi du PAM dans lequel se trouvait l'ambassadeur est tombé dans une embuscade à trois kilomètres de sa destination, la commune de Kiwanja, dans le territoire de Rutshuru, dans l'est de la RDC, lorsque "les assaillants, au nombre de six, munis de cinq armes de type AK-47 ainsi que d'une machette" ont fait irruption. "Ils ont procédé à des tirs de sommation avant d'obliger les occupants des véhicules à descendre et à les suivre dans le fin fond du parc (national des Virunga), après avoir abattu un des chauffeurs afin de créer la panique", ajoute la présidence.

Alertés, des rangers et des militaires congolais présents dans les environs se sont mis à la poursuite des assaillants. "À 500 mètres (du lieu de l'attaque), les ravisseurs ont tiré à bout portant sur le garde du corps (italien), décédé sur place, et sur l'ambassadeur, le blessant à l'abdomen".

Selon les premiers éléments, tout laisse penser qu'il s’agissait d'"une tentative d'enlèvement qui a mal tourné", selon des sources occidentales à Kinshasa. "Il s'est agi d'un enlèvement ciblé qui aurait mal tourné. Des kidnappeurs informés de la présence et du voyage de l'ambassadeur, ont voulu saisir cette opportunité pour se faire de l'argent" avec une demande de rançon, a estimé une autre source diplomatique.

"La route était considérée comme sécurisée et ne nécessitait pas une escorte militaire", a expliqué un diplomate européen. Le convoi du PAM avec lequel il circulait était constitué de deux véhicules Toyota Land Cruiser 4x4. Ces véhicules n'étaient pas blindés, selon ce même diplomate.

Les corps des deux diplomates ont été rapatriés mardi à Rome. Moustapha Milambo a été inhumé le même jour à Goma, capitale du Nord-Kivu. 

L’Italie demande des comptes à l’ONU

"Nous avons formellement demandé au PAM et à l'ONU l'ouverture d'une enquête pour faire la lumière sur ce qui s'est passé, les raisons justifiant le dispositif de sécurité mis en place et à qui incombe la responsabilité de ces décisions", a déclaré le chef de la diplomatie italienne, Luigi Di Maio, devant la Chambre des députés. "Nous avons aussi expliqué que nous attendions, le plus rapidement possible, des réponses claires et exhaustives".

"Nous attendons de l'agence un rapport approfondi sur tout élément utile au programme de la visite et aux mesures de sécurité adoptées pour protéger la délégation".

Si, selon le ministre des Affaires étrangères Di Maio, l'ambassadeur pouvait décider seul des modalités de ses déplacements dans le pays, l'organisation de ce voyage dans l'est de la RDC était de l'entière responsabilité du PAM. "La mission s'est déroulée à l'invitation des Nations unies. Donc le parcours en voiture s'est également déroulé dans le cadre de l'organisation prévue par le PAM".

La province troublée du Nord-Kivu est considérée comme une des zones les plus dangereuses de la RDC, à la lisière du parc national des Virunga. 

(RE)voir : Mort de l'ambassadeur italien en RDC : le Kivu, une région gangrénée par les groupes armés

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Cependant, selon des responsables humanitaires, la route sur laquelle circulait le convoi ne nécessitait pas d'escorte.