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RDC- Fred Bauma : "Le désordre politique favorise les crises du pays"

Au moins 30 personnes ont été tuées dans l'Ituri, au nord-ouest de la République démocratique du Congo, ce jeudi 13 mars 2018. La violence gangrène le pays, à Goma, au Kasaï, au Katanga. Fred Bauma, leader du mouvement citoyen "Lucha", était l'invité de TV5MONDE .

Comment expliquer ce regain de violence systématique ? Pour vous, est-ce uniquement lié au désordre politique ?

Fred Bauma : "Il est clair que cette situation est favorisée par ce désordre politique qui règne actuellement (...) Il y a aussi les tensions ethniques dans la région, et beaucoup de manipulations qui découlent de ces tensions. Il y a également des causes plus éloignées comme la pauvreté et toute la crise économique qui vient avec. Mais je pense que le principal problème c'est l'environnement qui permet à ces crises d'émerger et ça, c'est le problème politique."

Les dernières marches anti-Kabila se sont encore soldées par des morts dont celle de l'activisite Rossy Mukendi. Pensez-vous qu'il y a une politique d'élimination claire et ciblée des autorités ?

F.B : "Les témoignages qu'on a reçus de Kinshasa montre que Rossy Mikendi était ciblé (...) La situation de Rossy n'est qu'un énième cas d'assassinat de manifestant à Kinshasa et dans d'autres villes. On a de plus en plus d'indications que les activistes seraient ciblés (...) moi y compris."

Manifester est un droit constitutionnel auquel on ne peut renoncer


A chaque manifestation il y a des morts. Ne faut-il pas sortir de l'escalade la violence, trouver une solution politique en dehors de la rue ?

F.B 
: "Les manifestants ne sont pas les auteurs de cette violence, ils sont victimes de cette violence. Manifester est un droit constitutionnel auquel on ne peut renoncer. S'il faut que quelqu'un sorte de cette escalade, c'est plutôt le régime en place qui envoie des "escadrons de la mort" - la police, les services de sécurité - pour tuer et causer beaucoup de troubles lors des manifestations. Je pense que le gouvernement congolais doit ouvrir l'espace politique, laisser aux manifestants le soin de s'exprimer librement, pacifiquement et il n'y aura pas de violences."

Les autorités ont annoncé le fin de l'enrôlement fin janvier, même au Kasaï. Selon vous, est-ce que toutes les conditions seront réunies pour organiser les élections en décembre prochain ?

F.B
: "Absolument pas. Les gens ont tendance à réduire le processus électoral au simple fait d'organiser le vote, de mettre un bulletin dans une urne. Le processus électoral à mon sens, c'est beaucoup plus que ça : c'est tout l'environnement pré-electoral pour que les personnes qui concourrent à ces élections aient un espace pour s'exprimer, qu'ils aient la possibilité de postuler, que le société civile ait un espace où elle peut vivre, que les prisonniers politiques soient libérés, que les médias oeuvrent en toute liberté (...) ce qui n'est absolument pas le cas actuellement."