Des affrontements entre jeunes congolais et forces de l'ordre ont éclaté ce lundi en République Démocratique du Congo. A Kinshasa, la capitale, la police a ouvert le feu pour disperser la population qui dénonce le projet de loi électorale. Celui-ci lie la tenue des prochaines élections législatives et présidentielle de 2016 aux résultats du recensement général devant commencer cette année. Conséquences ? Cette loi est susceptible d'entraîner le report de la prochaine présidentielle, ce qui permettrait au président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, de rester plus longtemps à la tête de l'Etat.
Un collectif formé autour des membres des trois principaux partis de l'opposition avait appelé les habitants de Kinshasa "à occuper massivement" le Parlement, lundi, pour faire obstacle à ce projet de révision de la loi électorale, adopté par les députés et devant désormais être examiné par le Sénat.
En prévision d'une journée s'annonçant difficile, le pouvoir avait fait boucler les abords du Parlement, déployant des centaines de policiers et de soldats de la Garde républicaine armés, empêchant tout passage dans un large périmètre autour du Palais du peuple, incluant les sièges de partis politiques d'opposition (retrouvez l'intervention de Vital Kamehre, président de l'UNC et député de l'opposition, séquestré dans les locaux de son parti sur TV5MONDE).
Plusieurs foyers de violence
Près de la place Victoire, emblématique de la "Cité", quartier très récent, les policiers ont dispersé à coup de grenades lacrymogènes un groupe d'environ 200 jeunes qui scandaient des slogans appelant le président Kabila à "partir à la fin de son mandat".
Dans plusieurs quartiers, notamment à Bandalungwa, des jeunes ont enflammé des pneus et monté des barrages à certains carrefours, selon des témoins.
Une journaliste de l'AFP a pu voir des affrontements entre plusieurs groupes de jeunes lançant des pierres contre des policiers, qui tiraient des grenades lacrymogènes.
"C'est organisé, il y a manifestement des responsables qui les encadrent", a déclaré à l'AFP un diplomate à propos de l'éclosion de plusieurs foyers de contestation dans les quartiers populaires.
Sur les grands axes menant au quartier Gombe, où se trouvent administrations et ministères, on pouvait voir des policiers et soldats à chaque carrefour, alors qu'un hélicoptère militaire patrouillait dans le ciel.