Huit personnes ont trouvé la mort dimanche en République démocratique du Congo et une centaine d'autres ont été arrêtées, en marge de manifestations de catholiques contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila, muet sur son avenir politique dans ses voeux aux Congolais.
Dans la répression devenue systématique des manifestations anti-Kabila, un nouveau pas a été franchi dimanche . Les forces de sécurité ont fait irruption dans les églises en pleine messe avec des gaz lacrimogènes, alors que les catholiques avaient appelé à des marches pacifiques contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila. Plusieurs personnes ont été blessées par balles à Kinshasa, la police aurait également interpellé une douzaine d'enfants de choeur dans une paroisse du centre-ville.
La date n'avait pas été choisie au hasard pour ces marches de protestation. Il y a un an, un accord signé sous l'égide des évêques prévoyait des élections fin 2017. Mais douze mois plus tard, le président Jospeh Kabila, dont le mandat a expiré depuis décembre 2016, est toujours au pouvoir.
Principale figure de l'opposition, Felix Tshisekedi et ses soutiens ont été aussi la cible de gaz lacrymogènes tirés par la police alors qu'il rejoignait la cathédrale Notre Dame du Congo à Kinshasa. Internet coupé, fouilles de voiture, patrouilles armées dans la capitale : le déploiement de force pour écraser les marches du jour laissait peu de chance aux opposants de mener à bien leurs rassemblements.
M. Kabila a assuré que la publication de l'échéancier qui prévoit la tenue de la présidentielle au 23 décembre 2018 "conduit de manière irréversible vers l'organisation des élections". Il a également appelé à la "vigilance" afin de "barrer la route à tous ceux qui (cherchent à se) servir de prétexte des élections depuis quelques années, seraient tentés aujourd'hui de recourir à la violence pour interrompre le processus démocratique en cours et plonger le pays dans l'inconnu".
Dans un communiqué à New York, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé "le gouvernement et les forces nationales de sécurité à faire preuve de retenue et à respecter les droits du peuple congolais aux libertés d'expression et de manifester pacifiquement". Le patron de l'ONU "exhorte tous les acteurs politiques congolais à demeurer pleinement engagés à la mise en oeuvre de l'Accord politique du 31 décembre 2016 qui demeure l'unique voie viable devant mener à la tenue d'élections, à une alternance pacifique au pouvoir et à la consolidation de la stabilité en République démocratique du Congo", précise le communiqué.