Grand oral sous haute tension pour Joseph Kabila à l'Assemblée générale de l'ONU. Pour le président congolais, le cap vers des élections est "définitivement fixé". "Notre marche dans cette direction est irréversible", a-t-il assuré, avant de lancer un rappel à l'ordre à l'attention de la communauté internationale : "le tout sans ingérence extérieure ni diktat quelconque".
Son intervention à la tribune de l'ONU était très attendu. Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, a affirmé samedi que le cap vers des élections était
"définitivement fixé", en soulignant que les Casques bleus ne pouvaient rester
"indéfiniment" dans son pays.
Lors de son allocution devant l'Assemblée générale annuelle des Nations unies à New York, Joseph Kabila a indiqué attendre
"la publication prochaine" du calendrier électoral.
"Le défi en vue de l'organisation des élections dans mon pays demeure énorme, tant au plan logistique, financier, sécuritaire et normatif", a-t-il reconnu.
J'affirme que le cap vers des élections crédibles, transparentes et apaisées, est définitivement fixé. Notre marche dans cette direction est irréversible. Le tout sans ingérence extérieure ni diktat quelconque.Joseph Kabila, président de la République démocratique du Congo
"Il y a lieu de se féliciter du fait que plus de 42 millions d'électeurs sur 45 millions projetés ont d'ores et déjà été enrôlés", a souligné le président congolais à la tribune, en précisant que la dernière phase d'enrolement venait de commencer dans les deux dernières provinces, au centre du pays. Beaucoup d'experts doutent cependant de la possibilité de tenir des élections dans les délais impartis. Le recensement des derniers électeurs doit durer au moins jusqu'à la mi-décembre dans la région du Kasaï, théâtre de violences depuis un an.
Des élections avec l'aide de l'ONU... ?
Lors d'une rencontre samedi, Antonio Guterres a proposé à Joseph Kabila
" le soutien des Nations unies (...) pour l'organisation dans un délai raisonnable d'élections crédibles et transparentes", indique un communiqué du service de communication du secrétaire général de l'ONU. Au cours de la discussion avec Joseph Kabila, le patron des Nations unies a aussi
"encouragé le gouvernement et les acteurs politiques congolais à s'engager fermement dans la mise en oeuvre effective et à temps de l'accord politique du 31 décembre 2016" qui prévoit des élections au plus tard au 31 décembre 2017, a ajouté le communiqué, sans autre précision.
Aux termes de l'accord de 2016, la RDC est tenue d'organiser avant la fin de cette année des élections présidentielle, législatives et provinciales. Le second mandat de cinq ans de Joseph Kabila est expiré officiellement depuis le 20 décembre 2016 et la Constitution lui interdit de se représenter. Selon une source diplomatique à Kinshasa, un report des élections courant 2018 pourrait être accepté par les anti-Kabila, mais pas au-delà.
L'épineuse question du retrait de la Monusco
Le président congolais a aussi affirmé qu'il fallait
"déterminer le rythme de réduction de la force de la Monusco (la mission de paix de l'ONU) jusqu'à son retrait total". La Monusco, plus grosse opération de paix de l'ONU, compte aujourd'hui plus de 18.000 personnels.
Il est clair qu'après vingt ans de déploiement, la force onusienne ne peut nourrir l'ambition de rester indéfiniment dans mon pays. Ni d'y exercer son mandat avec le même format et sans tirer les leçons des faiblesses constatées.Joseph Kabila, président de la République démocratique du Congo
"Depuis plusieurs années, nous exigeons le redimensionnement de la force de la Monusco", a rappelé Joseph Kabila.
"Nous n'entendons pas transiger avec le respect dû à la souveraineté de la République démocratique du Congo tel que garanti par la Charte de notre organisation", a-t-il martelé.
Plusieurs éléments aggravent la crise politique en RDC, pivot instable de l'Afrique centrale avec ses neuf frontières, 2,3 millions de km2, quelque 70 millions d'habitants, 3,8 millions de déplacés internes et 500.000 réfugiés du Rwanda, du Burundi, du Soudan du Sud et de Centrafrique. Parmi eux, des groupes armés sont toujours actifs dans l'est frontalier du Sud-Soudan, de l'Ouganda, du Rwanda et du Burundi, tandis que l'ONU a enregistré récemment
"une augmentation importante" des violations des droits de l'homme.