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Le secrétaire général des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, a annoncé, jeudi 10 août, que la mission de l'ONU en République démocratique du Congo entrait "dans sa phase finale". Dans un rapport rendu public jeudi 10 août, il évoque une situation "en forte détérioration."
Un Casque bleu de la Monusco déployé près de Kibumba, au nord de Goma, le 28 janvier 2022.
Dans un document de quinze pages adressé, jeudi 10 août, au Conseil de sécurité des Nations unies (ONU), le secrétaire général, Antonio Guterres, dresse un bilan désastreux de la situation humanitaire et politique en République démocratique du Congo (RDC). Il expose dans le même temps un plan de "retrait accéléré et responsable" de la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco), après près de 25 ans de présence continue.
Son évaluation sur les 12 derniers mois est sans appel. "Les tensions régionales se sont encore aggravées", "la situation humanitaire s'est considérablement détériorée", "des centaines de milliers de civils ont été déplacés de force" et "le nombre d'actes de violence sexuelle" contre des enfants "a plus que doublé entre 2021 et 2022". Dans l'est du pays, précisement dans les deux provinces les plus affectées par les violences, "28% de la population du Nord-Kivu et 39% de la population de l'Ituri est déplacée", poursuit le rapport. Soit environ quatre millions de personnes.
Au cœur de ces conflits, le texte note la résurgence de la rébellion du M23 (Mouvement du 23 mars) qui "s'est emparé de large pans" de territoire. Les rebelles y ont "mis en place des administrations parallèles" et procèdent "à des arrestations arbitraires et à des exécutions extrajudiciaires."
Le rapport du secrétaire général ne fait en revanche pas mention de la présence de troupes de l'armée rwandaise aux côtés du M23 sur le sol congolais, contrairement aux derniers rapports du groupe d'experts de l'ONU pour la RDC. Ces rapports ont conduit de nombreux pays, dont ceux de l'Union européenne, à condamner le Rwanda pour son implication dans ce conflit. En 2023, le Rwanda est le troisième pays contributeur de troupes aux missions des Nations Unies.
La Monusco "demeure l'une des cibles du mécontentement et de la frustration des populations qui lui reprochent de faire preuve de passivité", précise Antonio Guterres.
Terrain de crispation et de discours populiste en RDC, le départ définitif de la mission de l'ONU est au cœur des débats sur l'avenir du pays depuis plusieurs années. Conformément aux souhaits affichés du gouvernement congolais, l'ONU réaffirme dans ce rapport sa volonté d'assurer "un retrait accéléré et responsable de la mission." Elle met toutefois en garde qu'un départ prématuré "aurait des conséquences pour les civils qui comptent sur la mission pour assurer leur protection."
En septembre 2022, en visite à New York pour l'assemblée générale des Nations unies, le président congolais, Félix Tshisekedi, déclarait dans une interview accordée à France 24, qu'au-delà de l'élection présidentielle de décembre 2023, lors de laquelle il est candidat à sa propre réélection : "Je crois qu'il n'y aura plus de raison que la Monusco reste."